La protection des sources journalistiques aux États-Unis sera-t-elle renforcée ? Des groupes bipartisanes de la Chambre et du Sénat ont réintroduit une législation, le PRESS Act (Protect Reporters from Exploitive State Spying), qui limite la capacité du gouvernement à exiger la divulgation de données pouvant identifier les sources des journalistes. Le projet de loi du Sénat étendrait les exemptions et les normes de divulgation pour couvrir les courriels, les relevés téléphoniques et d’autres informations détenues par des tiers. À quelles conditions ?
Le PRESS Act prévoit également que le gouvernement fédéral donne aux journalistes la possibilité de répondre aux demandes de données. Les tribunaux pourraient toujours exiger la divulgation si elle est nécessaire pour prévenir le terrorisme, identifier des terroristes ou prévenir la violence grave et « imminente ». Le projet de loi du Sénat est l’œuvre de Richard Durbin, Mike Lee et Ron Wyden, tandis que l’équivalent de la Chambre provient des représentants Kevin Kiley et Jamie Raskin. Quels sont leurs arguments ?
Les sponsors du projet de loi le présentent comme essentiel pour protéger les libertés de la presse garanties par le premier amendement. Les fuites de sources anonymes contribuent à responsabiliser le gouvernement, selon Wyden. Il ajoute que cette surveillance peut dissuader les journalistes et leurs sources, qui craignent des représailles. Lee, quant à lui, estime que la loi permettra également de préserver le « droit d’accès à l’information » du public et de faciliter sa participation à une démocratie représentative.
Le PRESS Act vise à protéger les sources journalistiques contre la surveillance gouvernementale.
Les sénateurs citent des cas, sous les administrations démocrates et républicaines, où les forces de l’ordre ont sollicité des données pour retrouver des sources. Notamment, le ministère de la Justice sous Trump est connu pour avoir confisqué des relevés d’appels et des journaux de courriels de grands médias comme CNN et The New York Times suite à un rapport d’avril 2017 sur la manière dont l’ancien directeur du FBI, James Comey, a géré les enquêtes lors de l’élection présidentielle de 2016.
Des lois sur la protection des journalistes existent dans 48 États et le District de Columbia, mais il n’y a pas de loi fédérale. Ce vide juridique permet au ministère de la Justice et à d’autres instances gouvernementales de saisir discrètement des données auprès des entreprises de télécommunications et d’autres fournisseurs. Le PRESS Act comblerait théoriquement cette lacune et réduirait les risques d’abus. Peut-on espérer une adoption prochaine de cette loi par le Congrès ?
Il n’y a aucune garantie que le PRESS Act parvienne au bureau du président Biden et devienne une loi. Cependant, les deux camps du Congrès parient que le soutien bipartite les aidera. La version de la Chambre a été adoptée « à l’unanimité » lors de la précédente session du Congrès, selon le bureau de Wyden. Devons-nous nous attendre à ce que cette loi passe prochainement ?
Source : Engadget