Est-il acceptable de retirer une plainte sans donner de raisons suffisamment justifiables ? Les géants de la fintech africaine Flutterwave ont du mal à trouver une réponse juridiquement reconnue par le High Court au Kenya. En effet, selon les derniers plans de l’Agence de Recouvrement des Actifs (ARA) du Kenya, une deuxième plainte contre Flutterwave a été rejetée par la cour suprême Kenyane. Mais pourquoi donc ?
Rappelez-vous, en août de l’année dernière, l’ARA a gelé $3 millions appartenant à Flutterwave, Hupesi Solutions et Adguru Technology Limited pour des soupçons de blanchiment d’argent et de fraude. Ce gel des fonds est survenu deux mois après que l’ARA ait déjà gelé un autre $52.5 millions appartenant à Flutterwave et six autres entreprises. Deux plaintes ont été déposées suite à chaque gel des fonds. La première plainte a été officiellement retirée en mars de cette année. Mais est-ce si simple de retirer une plainte sans donner de raison valable ?
La requête pour le retrait de la deuxième plainte a été rejetée par le juge de la Haute Cour, Nixon Sifuna. Il a noté que l’ARA, en tant qu’organisme financé par l’État, n’a pas voulu donner de raisons pour le retrait, y compris « des négociations ou un accord, ou les termes de ces négociations ou accord. » Mais pourquoi l’ARA n’a-t-elle pas jugé nécessaire de donner ces raisons ?
Ce retrait a été refusé malgré une avalanche de documents justificatifs, incluant des déclarations bancaires, prétendant que les millions en jeu étaient bien le fruit de crimes et de blanchiment d’argent.
Le juge Sifuna a noté que les agences chargées de combattre la corruption, les crimes économiques et organisés (y compris le blanchiment d’argent) ne devraient pas négliger leur devoir ou devenir complices de tels vices. Il a précisé que l’agence doit être guidée par l’intérêt public et que ses décisions ou actions doivent « être ouvertes et irréprochables aux yeux du public. » Cela pose alors la question : l’ARA fait-elle bien son travail ?
La décision de la cour suprême risque de retarder davantage l’obtention d’une licence pour Flutterwave pour opérer au Kenya. TechCrunch a contacté Flutterwave pour un commentaire. Mais jusqu’à quand cette situation va-t-elle durer pour Flutterwave ?
Flutterwave a été fondée en 2016 par Iyinoluwa Aboyeji, Olugbenga « GB » Agboola (CEO) et Adeleke Adekoya, afin de faciliter les paiements transfrontaliers en Afrique. Elle a depuis évolué pour inclure un service de transfert d’argent qui permet aux utilisateurs d’envoyer de l’argent à des destinataires à partir et vers le continent – une plateforme de commerce électronique similaire à Shopify pour les petites entreprises appelée Flutterwave Store, et Tuition, une plateforme de paiement pour l’éducation. Est-ce que ces succès pourront faire oublier à Flutterwave ces déboires judiciaires ?
Des allégations de harcèlement, d’appropriation indue de fonds et de mauvaise gestion ont entaché la réputation de cette start-up évaluée à $3 milliards. Comment l’entreprise fera-t-elle face à cette série de controverses ?
Source : Techcrunch