« Si la fortune vient en dormant, les brevets, eux, viennent en achetant! » Voilà un mantra qui décrit bien l’entreprise canadienne de technologie OpenText. Rappelez-vous, en août dernier, elle déboursait la coquette somme de 6 milliards de dollars pour une collaboration renforcée avec la société britannique Micro Focus.
Tout semblait bon enfant et les clients des deux géants technologiques continuaient leur routine sans se douter des éventuels rebondissements. Mais aujourd’hui, les choses semblent avoir pris une nouvelle tournure. La grande crainte est que cette collaboration aboutisse à une vente massive de brevets sur le marché, avec OpenText qui profiterait du vent favorable pour diversifier sa gamme de produits.
Micro Focus, qui était jusqu’à récemment membre de l’organisation anti-trolls de brevets LOT Network, en a fini avec cette adhésion. Vous vous demandez sans doute ce que prépare le géant canadien ? Nous aussi.
Les brevets de Micro Focus pourraient se retrouver sur le marché, créant une opportunité pour les trolls de brevets.
Au cours des 50 dernières années, Micro Focus a constitué un catalogue de milliers de brevets, grâce à ses propres recherches et à plusieurs acquisitions. La question est maintenant de savoir si OpenText pourrait être tentée de vendre ces brevets à des entités d’assertion de brevets (PAE), ces organismes qui gagnent le gros de leurs revenus grâce à l’exploitation des brevets, sans créer de produits tangibles.
Sur papier, l’adhésion au LOT Network offre une protection aux membres contre les trolls de brevets. Tant que l’entreprise reste membre, ses brevets ne peuvent être utilisés à des fins de litige par des PAE. Cependant, OpenText a clairement omis de renouveler son adhésion au LOT Network lors de l’acquisition de Micro Focus. Une situation qui soulève plusieurs interrogations, notamment la possibilité que ces brevets soient vendus.
Patrick McBride, un avocat spécialisé en propriété intellectuelle, pense qu’OpenText a quelque chose de précis en tête pour ces brevets. « On peut supposer qu’ils ont un projet pour ces actifs, car ils pourraient les utiliser librement pour leur propre entreprise tout en restant dans le réseau », a-t-il déclaré. Selon lui, le retrait de ces brevets du LOT Network indique que OpenText envisage de les utiliser à d’autres fins.
Pour l’instant, OpenText est resté silencieux sur ce point. Toutefois, on ne peut ignorer que l’entreprise canadienne a déjà mené plusieurs litiges sur les brevets par le passé, ce qui prouve que le combat juridique fait partie de son arsenal stratégique. Et aux dernières nouvelles, Micro Focus lui aurait permis de doubler son trésor de guerre en brevets.
En somme, Micro Focus est plus qu’un simple membre dans le jeu d’échecs d’OpenText. Gageons que les prochains mouvements de l’entreprise canadienne seront scrutés à la loupe. En attendant, tant que les brevets ne sont pas vendus, tout le monde respire… mais jusqu’à quand?
Source : Techcrunch