« On peut espérer atteindre les étoiles, mais on ne peut jamais les toucher » disait E.E. Barnard en 1884, en observant un mystérieux objet céleste à travers sa lunette astronomique. Pourtant, bien des années plus tard, nos télescopes voguent à travers le cosmos comme si de rien n’était. Voici l’histoire de deux d’entre eux : le James Webb Space Telescope et son cousin terrestre plus âgé, le Hubble.
Retour à la fin du 19e siècle, où l’astronome E.E. Barnard remarque un objet quite flou en scrutant le ciel. Il pense à une nébuleuse, une grande nuée cosmique. Sa thèse fait un tabac dans la communauté scientifique, mais il faudra attendre les années 1920 pour que le célèbre astronome Edwin Hubble (le fameux cousin du télescope Webb) se penche sur NGC 6822, le petit nom de cette prétendue nébuleuse. Grâce à sa perspicacité, il prouve que NGC 6822 se trouve bien au-delà de notre galaxie, la Voie Lactée.
Aujourd’hui, nous savons que NGC 6822 est en fait une galaxie située à quelque 1,5 million d’années-lumière de la Terre, ce qui signifie que la lumière émanant de celle-ci met 1,5 million d’années à nous parvenir. Et c’est donc à notre super détective spatial, le télescope Webb, de prendre le relais pour en apprendre davantage sur ce monstre céleste.
« Le télescope Webb nous permet de voir l’invisible et de toucher du regard les confins de l’Univers. »
Armé de sa redoutable Caméra Infrarouge Proche, le télescope Webb nous dévoile donc la panoplie d’étoiles de NGC 6822 sous un nouveau jour. Imaginez, une myriade d’étoiles autrefois dissimulée par d’épaisses nuées cosmiques, maintenant perceptible grâce à la lumière infrarouge. Ce sont des milliers d’étoiles qui se dévoilent à nos yeux ébahis, comme autant de feux d’artifice dans un ciel de 4 juillet.
Cap sur un autre instrument du télescope Webb, le « Mid-InfraRed Instrument » qui dévoile cette fois les grands nuages de gaz et de poussière se déployant à travers la galaxie NGC 6822. Et même si nombre d’étoiles restent encore voilées par ces nuages, la précision de cet instrument nous offre une richesse de détails incroyable. En somme, une véritable révolution dans la façon dont nous explorons notre Univers.
Pourtant, si NGC 6822 fascine autant, ce n’est pas seulement pour sa beauté. Elle partage un point commun avec certaines des galaxies les plus anciennes de l’Univers, à savoir une faible « métallicité ». Autrement dit, elle est pauvre en éléments plus lourds que l’hydrogène et l’hélium, produits normalement par les étoiles ou les explosions stellaires (comme le carbone, l’oxygène, le nickel et le fer). Cela donne à NGC 6822 une composition chimique proche de celle des premières galaxies formées après le Big Bang, faisant d’elle un terrain d’étude privilégié pour comprendre les premiers âges de l’Univers.
En fin de compte, le télescope Webb et nos explorations spatiales ne cessent de repousser les frontières de notre connaissance. Osons le dire : si Barnard pensait que les étoiles étaient hors de portée, il n’avait qu’à moitié raison. Oui, on ne peut toujours pas les toucher, mais grâce à des instruments comme le télescope Webb, on peut « les voir » dans toute leur splendeur. Et après tout, dans l’espace, personne ne vous entend rire, mais tout le monde vous voit briller.
Source : Mashable