« Dans le monde de la technologie, il est important de garder un œil sur le tableau de bord mais aussi sur le tableau de digression », comme le souligne le satiriste français Alphonse Allais qui n’aurait probablement rien compris à l’industrie florissante des accélérateurs de VC (Venture Capital) si on lui en avait parlé. Mais rassurons-le, il est de bonne compagnie, cette industrie a connu un essor considérable au cours de la dernière décennie, offrant des contrastes inégalés, des crises immobilières dévastatrices aux sommets du plus long marché haussier, sans oublier le tumulte d’une pandémie mondiale.
L’industrie des accélérateurs de VC s’est révélée une force inébranlable, dopée par un paysage de taux zéro en 2020, qui a vu l’émergence d’un éventail croissant de fonds. Pourtant, alors que le paysage des entreprises technologiques est en mutation, une question taraude tous les esprits : Y a-t-il trop d’accélérateurs aujourd’hui, et est-ce même encore nécessaire de rejoindre un accélérateur ?
Le coût de création d’une entreprise technologique aujourd’hui est 99% inférieur à ce qu’il était il y a 18 ans, en grande partie grâce à l’émergence des technologies cloud, des outils no-code et de l’intelligence artificielle. Il existe désormais une quantité sans précédent d’informations ou de connaissances librement accessibles pour guider les fondateurs. En parallèle, les effets de réseau ont évolué, s’éloignant des espaces physiques traditionnels pour se tourner vers des espaces numériques. Des communautés numériques et des plateformes sociales telles que Twitter, Signal NFX, le service de mise en relation de co-fondateurs de YC et les communautés Slack ont joué un rôle significatif dans ce changement.
« Les effets de réseau évoluent, passant des espaces physiques traditionnels aux espaces numériques ».
Au début de 2022, 1 000 milliards de dollars d’actifs étaient sous gestion (AUM) et 230 milliards de dollars de « poudre sèche » en capital de risque, des chiffres qui éclipsent les AUM d’avant la crise financière par un facteur de cinq. Parallèlement, le nombre de fonds levés sur la période de huit ans allant jusqu’en 2022 était de 2 700, contre 883 en 2010. Les investissements en capital-risque de sociétés privées, d’offices familiaux et des entreprises ont augmenté respectivement de 5 et 6 fois, ouvrant de nouvelles voies de financement pour les fondateurs ayant eu du mal à lever des capitaux.
Si le modèle traditionnel d’accélérateur a pu bénéficier de ces changements de paradigme, ce n’est pas sans poser de questions. Les idées selon lesquelles les fonds d’accélération ont peu de valeur ont gagné en popularité pendant la pandémie, car le capital était tellement abondant que les fondateurs ont commencé à contourner totalement les accélérateurs. De plus, les rumeurs d’un comportement profondément contraire à l’éthique dans les accélérateurs commencent à émerger régulièrement. Alors, dans ce monde technologique en constante évolution, devrions-nous accélérer ou ralentir ?
Source : Techcrunch