« Les faits sont les ennemis de la vérité » ricanait Don Quichotte. Et un peu comme le sombre chevalier, l’histoire s’est parfois emballée dans des mythes qui font tourner les moulins. Ainsi a-t-on souvent cru que les Nazis étaient en avance sur le projet de bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, ils étaient loin derrière !
Après tout, ce ne sont pas les nazis mais bel et bien les scientifiques américains qui ont su splitter l’atome en deux en 1938… Eux, ils ont fait beaucoup de bruit et puis en fin de compte, pas grand-chose. Le programme allemand Uranverein a bien démarré, presque en fanfare, en 1939, mais s’est rapidement embourbé. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en 1945, même si les Américains étaient sur le point de changer le monde avec leurs bombes atomiques, les nazis, eux, se battaient encore pour maîtriser la réaction en chaîne atomique.
« Ce n’est pas ce qui est vrai qui compte, c’est ce qui est perçu comme vrai. »
Fait surprenant, il semble que les nazis étaient à la fois victimes et responsables de cette perception : en effet, durant les années de Blitzkrieg (1939-1941), ils ont si bien fonctionné avec leurs armes conventionnelles que l’urgence d’une arme atomique n’était pas ressentie. Il a fallu attendre 1942, quand leur situation sur le front oriental a commencé à se dégrader, pour qu’ils réalisent le potentiel de l’atome. Mais même à ce moment-là, ils n’ont pas pu mettre les ressources nécessaires dans leur projet atomique. Ils étaient trop occupés à fabriquer des avions à réaction et des fusées… et à se battre sur tous les fronts.
Ironiquement, alors que les nazis faisaient la sourde oreille à l’appel de l’atome, les Américains ont saisi l’opportunité. La peur que les nazis puissent réussir à construire une arme atomique avant eux a en effet été un puissant stimulant pour le programme de bombes atomiques américaines. Dirigé par J. Robert Oppenheimer, ce programme a finalement réussi à rassembler une imposante équipe de scientifiques dans un laboratoire secret au Nouveau-Mexique. Et au final, ce qui fait le plus mal au crâne c’est qu’on a compté plus d’étoiles dans le ciel de Los Alamos, que de cellules grises dans toute l’Allemagne…
« Atomes crochus, nazis décrochés »
Atomic bomb
Source : Mashable