«Rome ne s’est pas construite en un jour, et apparemment, cela vaut aussi pour une armée de robots», pourrait-on dire en voyant les derniers chiffres de la Association for Advancing Automation (A3). Les commandes d’automates en Amérique du Nord ont en effet diminué de 37% en glissement annuel pour le deuxième trimestre (d’avril à juillet).
La valeur de ces commandes a également chuté de 20 %. Il s’agit d’une deuxième baisse consécutive, avec une chute combinée de 29% par rapport au premier semestre 2022. Pendant ces derniers six mois, le total des robots commandés s’élève à 16,856 unités. Bien sûr, de nombreux facteurs entrent en jeu ici.
Mais pas de raison d’entrer en mode « apocalypse maintenant », n’oubliez pas que 2022 a été une année record avec 44,196 commandes, soit une hausse de 11% par rapport au précédent record en 2021. La véritable histoire ici, c’est une régression notable après une croissance record, avec les vents contraires de l’économie qui impactent presque toutes les industries.
Le marché de la robotique s’essouffle, mais garde une marge de croissance conséquente, notamment dans le domaine non-automobile.
Alex Shikany de A3 précise : «Au cours des cinq dernières années, nous avons assisté à une accélération constante des commandes de robots alors que toutes les industries luttent contre la pénurie de main-d’œuvre et que de plus en plus d’entreprises non-automobiles reconnaissent la valeur incroyable de l’automatisation. Cependant, après cette flambée post-COVID, nous observons une reculade des achats, exacerbée par la lenteur de l’économie et les taux d’intérêt élevés. Malgré leur lutte pour trouver des travailleurs prêts à occuper les postes insalubres, ennuyeux et dangereux, certaines entreprises n’ont tout simplement pas les fonds pour investir en ce moment.»
Malgré le pessimisme ambiant, il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure. Comme l’investissement dans la robotique a été touché par un ralentissement du capital-risque, rappelons-nous qu’il n’y a pas d’industries vraiment à l’abri d’une récession. En prenant du recul, on peut simplement voir cela comme un obstacle sur la route. Il serait difficile de trouver quelqu’un qui ne voit pas l’automatisation comme une fatalité (et tout ce qu’elle engendre de bon et de mauvais).
Un aspect intéressant à noter est que les commandes de robotique non-automobile ont représenté une majorité de 52%. Tandis que les deux côtés de la médaille ont vu une baisse, le chiffre était bien plus dramatique pour la partie automobile avec une chute impressionnante de 49% contre 21% pour la partie non-automobile. C’est une lueur d’espoir car l’industrie automobile est établie depuis des décennies alors que le domaine non-automobile a un potentiel de croissance bien plus important.
Pour conclure sur une note « hard-droïde », même si le secteur de l’automatisation connaît quelques ratés, il est loin d’être l’heure du « tous circuits éteints ». Au contraire, avec le focus mis sur la robotique hors automobile, on peut s’attendre à voir un « reboot » dans les années à venir. Après tout, ce n’est pas un hasard si on ne prononce pas « R2-Déclin », n’est-ce pas?
Source : Techcrunch