Le gouvernement polonais utilise-t-il illégalement des logiciels espions, comme celui créé par le groupe NSO ? Une commission spéciale au sein du sénat polonais a conclu que c’était effectivement le cas. Cette conclusion a été annoncée jeudi dernier, après 18 mois d’investigation sur les allégations selon lesquelles le gouvernement polonais aurait utilisé le logiciel espion du groupe NSO, connu sous le nom de Pegasus, pour espionner une figure de l’opposition lors des élections de 2019. Quelles en sont les implications?
« Pegasus ne peut pas être utilisé en vertu du droit polonais », selon le rapport. Le logiciel espion de NSO n’est pas conçu d’une manière qui respecte la loi polonaise, il collecte beaucoup trop d’informations et ne peut pas garantir la sécurité de ces informations. Mais alors, comment le gouvernement polonais a-t-il pu utiliser Pegasus ?
« La loi polonaise ne permet pas l’utilisation de programmes dans lesquels les données opérationnelles acquises sont transférées par des canaux de transmission non contrôlés par les services concernés. »
Cette utilisation abusive a été comparée aux activités de piratage du gouvernement russe lors des élections de 2016 aux États-Unis. Le vice-président du Sénat, Michał Kamiński, a déclaré que Pegasus a servi à espionner des politiciens de l’opposition, notamment le sénateur polonais Krzysztof Brejza, et à influencer le processus politique. Comment la Pologne peut-elle utiliser un tel outil pour influencer des élections ?
John Scott-Railton, chercheur principal à Citizen Lab, un organisme de surveillance d’internet, qui a enquêté sur les abus commis par NSO et ses clients pendant des années, estime que cette conclusion est significative. Elle montre qu’il y a de graves problèmes avec l’utilisation des logiciels espions par les gouvernements dans les pays démocratiques eux-mêmes, et pas seulement dans les régimes répressifs. Mais peut-on vraiment comparer l’utilisation de ces logiciels espions par une démocratie à celle d’un régime autoritaire ?
Le rapport met la pression sur d’autres pays européens qui ne peuvent plus justifier l’utilisation d’outils comme celui de NSO. Cela pose des questions quant à des pays comme l’Allemagne, qui sont apparemment des utilisateurs continus et pensent que leur utilisation n’aura pas d’impact négatif ailleurs. « Vous ne pouvez pas faire affaire avec NSO sans contribuer aux dommages qu’elle cause », a déclaré Scott-Railton.
Un porte-parole de NSO n’a pas répondu à une demande de commentaires jeudi. Alors, où en est l’entreprise face à ces allégations d’utilisation abusive de ses outils?
La commission spéciale du Sénat polonais a également conclu que le gouvernement polonais avait utilisé Pegasus pour se venger de figures de l’opposition. Est-ce que c’est là une nouvelle forme de répression politique ?
Source : Techcrunch