Est-ce que l’Europe manque de capital-risqueurs issus du monde entrepreneurial, ces fameux « opérateurs » comme l’industrie aime à les appeler? En effet, si Atomico peut compter sur Niklas Zennström, et Firstminute Capital sur Brent Hoberman, on note également Plural, créé plus récemment par d’anciens entrepreneurs européens. Mais cette liste d' »operateurs-devenus-capitals-risqueurs » s’épuise vite sur la scène tech européenne.
Mais qu’en est-il maintenant à Bristol, en Angleterre? Harry Destecroix a co-fondé la startup biotechnologique Ziylo tout en préparant son doctorat à l’Université de Bristol. Ziylo, une spin-off universitaire, a mis au point une molécule synthétique capable de se lier au glucose sanguin. Cependant, comment a-t-il réussi cette prouesse?
Destecroix a décidé qu’il souhaitait s’entourer d’entreprises « SciTech » partageant les mêmes idées que lui. Ainsi, en 2017, il crée Unit DX, un incubateur en collaboration avec l’Université de Bristol, destiné à commercialiser des entreprises comme la sienne.
« Destecroix a utilisé son départ pour recréer des startups basées sur la technologie de pointe et la science, à Bristol. »
Un an plus tard, en 2018, Destecroix quitte Ziylo pour rejoindre la société danoise Novo Nordisk — qui avait réalisé qu’elle pouvait utiliser la molécule de Ziylo pour développer une insuline « intelligente » — dans une transaction estimée à plus de 800 millions de dollars.
Destecroix a alors réinvesti dans la création de startups basées sur la science et la technologie de pointe, à Bristol. Il a lancé l' »écosystème technologique » « Science Creates », composé de laboratoires UnitDX et UnitDY, ainsi qu’un fonds d’investissement de 15 millions de livres avec l’Université et un réseau de partenaires stratégiques.
Aujourd’hui, Destecroix franchit une nouvelle étape avec le lancement de SCVC, un fonds qui vise à atteindre 100 millions de dollars et qui dit avoir atteint sa première clôture (pour un montant non divulgué). La société basée à Bristol investira dans la technologie de pointe autour de la santé et du climat.
Lors d’un appel, Destecroix m’a dit : « Cela fait deux ans et j’ai l’impression que plus j’investis, plus je deviens accro. C’est un voyage merveilleux. Et j’ai aussi l’impression qu’il n’y a pas assez de fondateurs au Royaume-Uni qui ont fini par se lancer dans l’aventure. Donc nous voulons construire un fonds de capital-risque vraiment dirigé par les fondateurs ».
Le premier fonds d’amorçage de 17 millions de dollars de SCVC (avant de devenir un véritable capital-risque) a soutenu 12 entreprises, allant de la thérapeutique et du diagnostic aux capteurs quantiques et aux semi-conducteurs. Le nouveau fonds investira au stade de la pré-amorçage et de l’amorçage avec des chèques initiaux allant de 500 000 à 3 millions de dollars. Il fournira également un financement de suivi pour des billets de série A allant jusqu’à 7 millions de dollars.
Malgré son opposition au Brexit, il soutient l’approche britannique de l’IA : « Je pense que l’UE la réglemente trop et que le Royaume-Uni adopte une approche beaucoup plus légère. J’ai entendu parler de startups françaises qui envisagent de déménager au Royaume-Uni. Nous devons envisager l’IA appliquée à tout : le gouvernement, les sciences de la vie, la santé ».
L’annonce de SCVC est une bonne nouvelle pour la scène technologique florissante de Bristol, qui compte déjà des entreprises comme Ultrahaptics, Open Bionics, Graphcore et Immersive Labs.
Source : Techcrunch