OpenAI est-il en train d’ouvrir une nouvelle voie pour son expansion en Europe? C’est ce qu’on pourrait penser suite à l’annonce de l’ouverture de son premier bureau dans l’Union Européenne (UE) et de plusieurs embauches stratégiques. Et ce, alors que l’entreprise se prépare à affronter des difficultés réglementaires.
Qu’est-ce qui motive cette décision de l’entreprise, créateur du ChatGPT ? Ici réside un double intérêt : l’ouverture d’un troisième bureau en Irlande, connue comme une seconde maison pour de nombreuses entreprises technologiques américaines cherchant à tisser des liens plus étroits avec les législateurs et clients européens, tout en profitant d’un taux d’imposition plus favorable. Mais est-ce là la seule raison?
OpenAI renforce son équipe sur l’échiquier européen pour mieux faire face aux enjeux de réglementation.
Sa page carrières semble apporter des réponses à cette question. Elle révèle que OpenAI recrute actuellement pour neuf postes basés en Irlande, dont une grande partie sont des rôles centrés sur la vie privée et les relations publique. Ne peut-on pas y voir un signe de l’intention de OpenAI de démontrer à Bruxelles sa volonté de prendre au sérieux la protection de la vie privée?
Il faut noter que OpenAI a été confronté à une certaine surveillance suite au lancement de ChatGPT, un chatbot IA générateur qui est devenu populaire pour sa capacité à générer du contenu à partir de simples invites textuelles. Cependant, dans les faits, n’a-t-il pas déjà fait face à des problèmes de réglementation en Europe? En effet, l’Italie et l’Espagne ont ordonné le blocage de ChatGPT en raison de préoccupations sur la protection des données, avant que celui-ci ne soit relancé en Italie suite à l’implémentation de contrôles de confidentialité.
Récemment encore, OpenAI était accusé de multiples violations de la protection des données par un chercheur en sécurité, qui a déposé une plainte auprès de l’autorité polonaise de protection des données. Plus précisément, l’accusation reposait sur l’infraction d’OpenAI à des domaines du RGPD tels que le manque de transparence, les droits d’accès aux données, et la légalité et l’équité de leur traitement. Cela ne serait-il pas indicatif de défis à venir pour l’entreprise?
Cependant, les véritables enjeux semblent se situer ailleurs. L’ Acte d’IA de l’UE, qui vise à réguler les applications basées sur l’IA en fonction de leur risques perçus, est à l’horizon. Ces régulations, les premières significatives dans le monde à traiter de l’IA, pourraient servir de modèle pour d’autres pays. Cette crainte d’un durcissement des législation n’est-elle pas la raison profonde de cette tourner européenne du PDG Sam Altman, qui a d’ailleurs averti contre une régulation excessive de l’IA?
En bref, il est clair que la Europe sera un point majeur d’intérêt pour toutes les entreprises travaillant dans le domaine de l’IA. OpenAI, en tant qu’un des leaders majeurs dans le domaine de l’IA générative, devra sans doute renforcer sa présence et ses efforts de lobbying. Des millions ont déjà été dépensés pour lutter contre la régulation en Europe par des géants comme Meta, Alphabet et Microsoft. N’est-ce pas déjà un signe que la directive européenne prend de l’ampleur?
En somme, cette nouvelle implantation de OpenAI en Europe n’est-elle pas plus liée à une volonté de contrer une législation contraignante que chercher un avantage fiscal?
Source : Techcrunch