La Cour suprême des États-Unis est-elle prête à changer le paysage des médias sociaux ? Le débat fait rage autour de deux lois d’état qui pourraient redéfinir la façon dont les entreprises de médias sociaux contrôlent ce qui apparait – ou n’apparaît pas – sur leurs plateformes. Ces lois vont-elles changer la donne ou simplement alimenter la polémique ?
La Cour suprême a récemment décidé d’examiner ces deux affaires qui tournent autour des républicains concevant des lois spécifiques aux États qui ordonnent aux plateformes de ne pas censurer certains messages sur les réseaux sociaux. Les accusations de suppression délibérée des points de vue conservateurs par les entreprises de médias sociaux sont-elles fondées ? Ou s’agit-il simplement d’une tentative d’influence politique déguisée pour contrôler le récit ?
La recherche n’a pas étayé ces affirmations, mais a révélé que les utilisateurs conservateurs des médias sociaux sont effectivement plus exposés à la désinformation politique, ce qui pourrait en partie expliquer les revendications d’application idéologiquement biaisée sur les plateformes sociales. Est-ce que cette exposition disproportionnée à la désinformation alimente l’adoption de ces lois ?
« La question centrale demeure : les entreprises de médias sociaux ont-elles le droit, protégé par le premier amendement, d’exercer ce que l’on pourrait appeler un jugement éditorial ? ».
Est-ce que ces lois ont été adoptées pour confronter ces différences perçues ou pour obtenir des avantages politiques en accusant les plateformes sociales de biais anti-conservateur ? Les hommes politiques conservateurs de Floride et du Texas n’auraient-ils pas passé des lois pour restreindre la manière dont ces compagnies sont autorisées à modérer le contenu dans le but d’élargir leur influence ?
Plongeant dans ces problèmes, nous avons parlé à Paul Barrett, professeur de droit adjoint à la NYU et directeur adjoint du Centre for Business and Human Rights de la NYU Stern pour éclaircir ces ambiguïtés. Ces cas ont-ils vraiment débuté en Floride et au Texas avant de trouver leur chemin jusqu’à la Cour suprême ?
En fait, des législateurs républicains de ces deux États ont voté des lois parallèles pour contrôler la manière dont les entreprises de médias sociaux opèrent. Mais qu’advient-il lorsque l’industrie porte plainte contre ces états en vertu du premier amendement ? Les règlements entrent-ils en conflit avec les droits constitutionnels, provoquant une bataille judiciaire qui finit par atterrir sur le bureau de la Cour suprême ?
Quelle serait l’impact d’une décision de la Cour suprême en faveur de ces lois sur le paysage des médias sociaux ? Les plateformes pourraient devoir subir de profonds changements, du moins dans les États qui cherchent à limiter leurs pouvoirs de modération. Les années de progrès lent sur la désinformation pourraient être balayées par la décision de la Cour suprême, semant potentiellement le chaos en ligne. Et si une telle décision venait à libérer « un raz-de-marée de contenu offensant et de discours de haine » sur les utilisateurs, les créateurs et les annonceurs, comme le prévient Steve DelBianco, président de NetChoice ?
Au-delà de forcer les plateformes à autoriser certaines formes de contenu qui seraient normalement interdites, ces lois cherchent également à obliger les entreprises de médias sociaux à fournir aux utilisateurs des explications individualisées lorsqu’ils suppriment ou restreignent leur contenu. Qu’en est-il de l’impact potentiel sur les systèmes de modération de contenu, largement algorithmiques à l’heure actuelle ? Les entreprises de médias sociaux devraient-elles repenser complètement leurs systèmes ou embaucher beaucoup plus de monde pour répondre à ces incidents, au risque d’entraîner des coûts importants et des difficultés à évoluer à grande échelle ?
Compte tenu de ces questions, la décision de la Cour suprême sur ces affaires pourrait bien avoir d’importantes répercussions sur l’avenir des médias sociaux, leurs utilisateurs, et l’équilibre des pouvoirs entre les gouvernements et les plateformes. Une chose est sûre, le débat sur la liberté d’expression et la modération du contenu n’est pas prêt de se calmer. Mais est-ce que cette tentative de régulation joue en faveur de la liberté d’expression, ou finit-elle par saper son essence même ?
Source : Techcrunch