« À grande liberté, grande responsabilité » – Voilà une expression qui semble avoir échappé à la compréhension de certaines plateformes de médias sociaux. Pourtant, elle pourrait bien être au cœur du futur cadre européen pour les VLOPs – comprenez, les Very Large Online Platforms, soit ces géants du net qui dépassent le palier des 45 millions d’utilisateurs actifs mensuels.
Hier, le Parlement européen a donné son aval pour la prise de position concernant les négociations à venir sur le projet de loi de la liberté des médias. Les députés européens pointent notamment du doigt les « décisions arbitraires des grandes plateformes ».
La proposition initiale de la Commission européenne a été étendue par les eurodéputés. Ces derniers exigent que les plus grandes plateformes informent les fournisseurs de services médiatiques avant de retirer leur contenu – leur accordant 24 heures pour répondre aux objections avant toute restriction ou suspension.
Un grand pas pour la liberté des médias, un petit pas pour les barons du web
Le texte d’origine de la Commission encourageait ces plateformes à respecter la liberté et le pluralisme des médias, à agir avec diligence et transparence lorsqu’ils exercent une responsabilité éditoriale. Mais également à fournir une explication de leurs actions aux fournisseurs de services médiatiques « dès que possible ».
« Les députés européens demandent l’instauration d’un mécanisme pour gérer les ordres de retrait de contenu », a écrit le Parlement dans un communiqué de presse. Le média devrait donc être averti de l’intention de la plateforme de supprimer ou de restreindre leur contenu, avec un délai de 24 heures pour répondre. Si la plateforme estime toujours que le contenu du média ne respecte pas ses conditions d’utilisation, elle peut procéder à la suppression ou au renvoi du cas aux régulateurs nationaux pour prendre la décision finale sans délai. Cependant, si le fournisseur de médias estime que la décision de la plateforme n’a pas de fondement suffisant et compromet la liberté des médias, ils ont le droit d’intenter une action à un organe de règlement des différends hors cour.
Pour la majorité des plateformes de médias sociaux, l’idée de notifier les médias avant de retirer leur contenu n’est pas bien accueillie. Cependant, quand on connaît leur réputation pour combattre les contrôles sur leur pouvoir, ce n’est guère surprenant. En revanche, pour nous autres petits utilisateurs du net, cet accord européen pourrait bien être une lueur dans le brouillard de la censure virtuelle.
Ainsi se termine notre petit tour d’horizon de la scène tech européenne. Un proverbe africain dit « Quand on se baigne dans l’eau trouble, c’est qu’on a pas le choix ». Pourtant, il semblerait que le Parlement européen ait décidé de rendre l’eau un peu plus claire pour les médias. Un petit coup de fil avant de tourner le robinet, ça ne fait de mal à personne, n’est-ce pas?
Source : Techcrunch