Les plates-formes sociales sont-elles vraiment impartiales dans le traitement des contenus en ligne, particulièrement ceux à forte teneur politique ou évoquant des disputes territoriales ? Il semblerait que ce ne soit pas le cas. Prenons l’exemple de Khitam Jabr, une réalisatrice palestino-américaine qui, après avoir partagé des posts sur son voyage en Cisjordanie, a vu son compte Instagram subir des restrictions inhabituelles. Devons-nous y voir une forme de censure ?
Le problème va bien au-delà et semble concerner de nombreux utilisateurs, qui accusent Instagram de censurer le contenu lié à la Palestine. La fille de l’occupant illégal, qui gouverne la bande de Gaza et est classée comme organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne, est interdite sur les plateformes de Meta d’après les règles officielles de l’entreprise. Suite à l’attaque du Hamas sur les Israéliens et aux représailles de ces derniers, la situation humanitaire dans la bande de Gaza s’est considérablement détériorée. Ceci n’est-il pas digne d’être rapporté, indépendamment des préférences politiques ou partisanes ?
« L’augmentation de la violence dans la bande de Gaza exacerbe les divisions et la polémique dans le monde virtuel. »
Meta déclare clairement ne pas avoir l’intention de « réprimer une communauté ou un point de vue particulier ». Cependant, de nombreux utilisateurs s’insurgent contre la modération disproportionnée qui semble affliger systématiquement les utilisateurs palestiniens. Les algorithmes de modération de Meta sont-ils véritablement impartiaux, ou bien manifestent-ils une forme de biais envers certaines communautés ?
Le débat sur ce qu’on appelle communément le « shadowbanning » n’est pas nouveau. Bella Hadid, mannequin et activiste d’origine palestinienne, a accusé Instagram de limiter la portée de ses publications sur la Palestine. Si des célébrités d’un tel calibre sont touchées, qu’en est-il des utilisateurs ordinaires ? Est-ce que leur voix est également réduite au silence ?
D’autres exemples d’injustice sont rapportés. Leen Al Saadi, journaliste palestinienne basée en Jordanie, prétend que son compte Instagram a été limité après avoir posté une bande-annonce d’un podcast sur l’art de rue palestinien sous occupation. Pour elle, cette situation est vécue comme une double guerre : sur le terrain, contre l’occupant légal, et en ligne, contre la censure médiatique occidentale.
L’organisation 7amleh, qui documente les violations des droits numériques des Palestiniens, rapporte de nombreux cas de drapeaux palestiniens censurés sur Instagram. Il semblerait que les emojis de drapeaux ne soient pas traités de manière équitable par la plateforme. Est-ce un autre exemple de biais algorithmique ou un acte délibéré de censure ?
Le souci principal n’est pas le fait que Meta exerce une modération sur son contenu – cette modération est nécessaire pour un environnement en ligne sûr et respectueux – mais plutôt la question de savoir si cette modération est équitable et appliquée de manière égale à tous les utilisateurs, indépendamment de leur origine, de leur langue ou de leur position politique. En fin de compte, la question demeure : La censure sur les réseaux sociaux, est-ce une réalité ?
Source : Techcrunch