Comme le disent les experts, quand on a soif de financement en IA, on ne compte pas. Le géant chinois de l’AI, Zhipu AI, en est un exemple flagrant, ayant levé 2,5 milliards de yuans (environ 340 millions de dollars) en l’espace d’une année. Issu des rangs de l’illustre Université Tsinghua et piloté par le professeur en informatique Tang Jie, Zhipu AI rivalise brillamment avec les grandes pointures américaines telles que OpenAI et Anthropic. Cela semble confirmer la thèse selon laquelle deux univers IA parallèles sont en train de se former entre les États-Unis et la Chine.
L’annonce arrive à un moment délicat. Confrontée à l’imposition de nouvelles restrictions sur l’exportation de puces IA Nvidia vers la Chine, cette dernière a aiguisé son esprit de compétitivité. Et comme on le dit, lorsqu’ils ferment une porte, c’est généralement parce qu’ils veulent que vous trouviez la fenêtre. Les grandes entreprises IA chinoises ont donc dépensé des centaines de millions de dollars pour constituer des stocks de semi-conducteurs bien recherchés.
Dans cette course IA particulièrement coûteuse, comment Zhipu fait-il pour rester dans la compétition ? Eh bien, il semble que le seul moyen d’encaisser, c’est de miser sur les investisseurs locaux. L’investissement de 340 millions de dollars provient de fonds dénommés en yuan, mettant fin à une tendance vieille de deux décennies où les fonds USD étaient la source de financement privilégiée jusqu’à ce que les tensions géopolitiques créent une fracture technologique.
Le succès de Zhipu montre que même à l’ère des restrictions technologiques, l’ascension ne s’arrête pas, elle change juste de direction.
La signature par le président américain Joe Biden de l’ordonnance exécutive interdisant les investissements américains dans les secteurs technologiques critiques de la Chine, y compris l’IA, les semi-conducteurs et l’informatique quantique, a sans aucun doute fait trembler les investisseurs américains axés sur la Chine. Pourtant, certains tels que Sequoia Capital en Chine ou encore GGV Capital ont réussi à conserver leur place sur le marché en séparant leurs unités chinoises.
Il est intéressant de noter que Zhipu a réussi à attirer des capitaux de poids lourds tels que Alibaba, Tencent et Xiaomi, des rivaux qui rarement co-investissent ensemble. En outre, il a récemment mis en opensource son modèle d’IA conversationnel bilingue, ChatGLM-6B, formé sur six milliards de paramètres et capable de réaliser des inférences sur une seule carte graphique de consommation.
Le divorce technologique sino-américain a donné naissance à un enfant génial, Zhipu AI. Aux yeux des investisseurs chinois, il est bel et bien le cygne blanc de l’IA, capable de naviguer avec aisance sur les eaux agitées des restrictions technologiques. À l’ère de l’isolement technologique, il semble que le mantra soit : « Ne donne pas sur les restrictions, surfe dessus ». Et c’est ce que fait Zhipu, surfant sur les vagues de la technologie avec brio.
Source : Techcrunch
