« Une pomme par jour éloigne le médecin… à condition de bien viser ! » semblent dire les utilisateurs de Meta sur l’affaire récente de la femme thaïlandaise et son régime à base de jus de fruits. Oui, vous ne rêvez pas : des personnes gagnent de l’argent en partageant du contenu qui peut être préjudiciable à la santé de ceux qui les suivent. Aujourd’hui, Meta a donné son feu vert pour laisser en ligne deux publications faisant état de ce fameux régime. Toutefois, pangolins de l’espace numérique, ils recommandent de limiter la monétisation des contenus similaires ayant trait à des « régimes extrêmes et nocifs » alors que persiste une relation inquiétante entre les médias sociaux et les troubles alimentaires.
Les deux vidéos aux pommes de discorde ont été postées la même année par la même compte, et, cerise sur le gâteau, signalées par des utilisateurs comme dangereuses. Avec pour décor la vie, la culture et la cuisine de la Thaïlande, un homme interroge une femme en italien sur son expérience avec un « régime constitué uniquement de jus de fruits ».
De l’ananas à outrance à la monétisation des régimes absurdes, la frontière est mince.
Le jus coule d’abord de source : la femme dit avoir ressenti une augmentation de sa concentration, une amélioration de sa peau et du transit intestinal, un bonheur grandissant et une « sensation de légèreté » depuis le début du régime. Par ailleurs, elle dit avoir souffert de problèmes de peau et de jambes gonflées avant d’adopter ce régime. Elle évoque également l’anorexie, mais affirme que son poids s’est normalisé, après une perte initiale de plus de 10 kilogrammes (22 livres) due à ses changements alimentaires.
Environ cinq mois plus tard, dans la deuxième vidéo, l’homme veut savoir comment elle se porte presque un an après avoir commencé son régime dangereux. Elle répond en disant qu’elle parait jeune pour son âge et qu’elle n’a pas perdu de poids supplémentaire, sauf pour « quatre kilos d’impuretés ». Et elle l’encourage même à essayer le régime. Pas de bol, mais pour ceux qui aiment les jus savoureux, elle envisage de devenir « fruitarienne » après la fin du jeûne, ajoutant qu’elle pourrait se lancer dans un « voyage pranique », qu’elle décrit comme le fait « de vivre ‘d’énergie’ au lieu de manger ou de boire régulièrement ». Quelle salade !
Les vidéos sont devenues vitaminées, vues plus de deux millions de fois et ont accumulé plus de 15 000 commentaires. De plus, la femme a profité d’un coup de boost en popularité après la publication de la deuxième vidéo. Selon les recherches de Meta, sa page comptabilise 17 000 adeptes et affiche du contenu sur son mode de vie, notamment son régime. Double jackpot car aussi bien le créateur du contenu que la page Facebook de la femme font partie du programme de monétisation des partenaires de Meta, leur permettant de profiter financièrement de ces conseils potentiellement nocifs.
Alors pourquoi Meta n’a-t-elle pas décidé de retirer ces vidéos ? Parce qu’elles ne fournissent pas « d’instructions pour une perte de poids drastique et malsaine lorsqu’elles sont partagées conjointement avec des termes associés aux troubles alimentaires », ni ne « promeuvent, encouragent, coordonnent ou fournissent des instructions pour les troubles alimentaires ». Même l’évocation par la femme d’un « voyage pranique » alimenté uniquement par l’énergie a été jugée « descriptive en nature » sans mention de perte de poids. Toutefois, le cil de l’oeil, Meta a recommandé d’ajuster ses politiques de monétisation pour « mieux répondre à ses responsabilités en matière de droits de l’homme » liées au « contenu nocif lié aux régimes ».
Source : Engadget