« Il n’y a rien de permanent, sauf le changement », disait Héraclite. Et ce proverbe ne pourrait être plus vrai aujourd’hui, alors que le président Biden émet un décret sur l’IA (Executive Order). Mais ne commençons pas à célébrer tout de suite. Tout comme avec les films d’Hollywood, ce qui est annoncé n’est pas toujours ce qui est livré.
Le décret arrive alors que les gouvernements du monde entier cherchent encore à cadrer les opportunités et les risques de l’IA. C’est comme essayer d’attraper une barre de savon dans la douche : le sujet est glissant et toujours en mouvement. L’IA est un peu comme la belle-mère que vous ne pouvez ni ignorer ni satisfaire. Si vous agissez trop vite, vous risquez de refroidir l’innovation. Trop tard, et vous permettez l’abus ou l’exploitation. Et ces beaux messieurs des USA et de l’UE persistent à éviter le premier risque, mais foncent tête baissée vers le second. Bravo!
Le décret agit comme un pansement temporaire, soutenant les « pratiques volontaires » que de nombreuses entreprises choisissent déjà de mettre en place.
Mais à l’heure actuelle, il n’y a aucune solution législative aux risques et abus potentiels de l’IA. C’est comme distribuer des bonbons d’Halloween sans vérifier si quelqu’un a des allergies. Les mesures fédérales à l’encontre des médias sociaux et des monopoles de fait comme Amazon et Google ont été sporadiques, bien qu’une nouvelle FTC belliqueuse soit susceptible de changer cette tendance.
Cela dit, une loi globale définissant et limitant l’utilisation de l’IA semble aujourd’hui aussi lointaine qu’elle l’était il y a des années. L’industrie et la technologie ont évolué si rapidement qu’une règle serait probablement obsolète lors de son adoption. Créer une nouvelle agence fédérale dédiée à la régulation de l’IA et de la technologie semble être la meilleure approche. Mais encore faut-il le pouvoir législatif pour le faire.
Le sénateur Mark Warner de Virginie a exprimé son « impression par la largeur » de l’ordre, bien qu’il sous-entend que la profondeur n’était pas au rendez-vous. Il est vrai que gratter la surface ne va pas régler le problème fondamental. Il est temps d’équiper nos braves législateurs de pioches et de les envoyer creuser.
Paul Barrett, directeur adjoint du NYU Stern Center for Business and Human Rights, a reconnu les deux côtés de la pièce. Il est clair que le président Biden envoie un message précieux, mais il ne faut pas oublier que nous n’en sommes qu’au début d’un processus réglementaire long et ardu. C’est un peu comme courir un marathon en talons hauts.
Et ne nous faisons pas d’illusions, vu l’état de la législature et le fait qu’une élection extrêmement controversée se profile, ce serait un miracle si une loi substantielle était adoptée prochainement. D’un autre côté, qui sait? Après tout, ils ont bien réussi à atterrir sur la lune!
En guise de conclusion, peut-être pourrions-nous dire que l’IA est comme une langue étrangère : plus on essaie de la maîtriser, plus elle nous échappe. Mais n’oubliez pas, même si les régulateurs se débattent avec l’IA, ils n’ont pas encore commencé à aborder les clones humains. Alors, je leur dirais: « Bon courage! ».
Source : Techcrunch