Est-il concevable que votre voiture en sache davantage sur vous que certains de vos proches? Récemment, l’organisation Mozilla a fait des révélations troublantes: toutes les 25 marques automobiles analysées ont échoué à leurs tests de confidentialité. Mais quels sont les enjeux réels pour les consommateurs? Pouvons-nous encore parler de vie privée une fois à bord de notre véhicule?
Avez-vous jamais pris le temps de lire les politiques de confidentialité stipulées par les constructeurs automobiles? Adonne Washington du Future of Privacy Forum souligne que ces politiques sont calibrées pour être protectrices, en prévision d’avancées technologiques imprévues. Mais est-ce une juste précaution ou un excès de zèle?
Qu’est-ce qui justifie qu’une politique de confidentialité d’un constructeur tel que Nissan inclue des informations aussi personnelles que l’orientation sexuelle ou les données génétiques? Les entreprises prétendent prendre de telles précautions pour se prémunir contre d’éventuelles poursuites en cas de collecte accidentelle de données sensibles. Mais où se situe la limite entre protection juridique et invasion de la vie privée?
La frontière entre la sécurité juridique et l’invasion de la vie privée est-elle redéfinie par les constructeurs automobiles?
Liste de matériel embarqué, USB, Bluetooth, fonctionnalités d’enregistrement… votre véhicule peut en dire long sur vous. Mais les consommateurs en sont-ils informés, et surtout, ont-ils vraiment le choix? Avec des véhicules de plus en plus connectés, n’assistons-nous pas à une érosion de notre sphère privée?
Les voitures, à l’instar des smartphones, accumulent des informations non seulement sur le conducteur mais aussi sur les passagers. Ce constat soulève des questions éthiques importantes, car il peut s’agir de données extrêmement personnelles. Comment les constructeurs gèrent-ils la complexité de ces informations partagées?
La charge que représente la lecture et la compréhension des politiques de confidentialité est-elle raisonnable pour un utilisateur moyen? Certains constructeurs, comme Ford, offrent la possibilité de se désengager de certains partages de données, mais cela nécessite-t-il une recherche documentaire intensive de la part du consommateur?
En fin de compte, avec la complexité des contrats et des politiques, sans parler de la revente des véhicules et la suppression des données qui y sont liées, sommes-nous en droit de nous demander si la seule issue réelle face à cette marée de données personnelles n’est autre que la régulation fédérale? Quel est le niveau de conscience des conducteurs vis-à-vis de cette problématique, et peuvent-ils vraiment se permettre de faire abstraction d’un véhicule à notre époque?
Source : Engadget