« L’argent ne peut pas acheter le bonheur, mais il est beaucoup plus confortable de pleurer dans une Mercedes que sur un vélo. » – Inconnu
Dans un tourbillon de stéréotypes et de clichés, Doctor Who fait un retour fracassant, galvanisé par les dollars de Mickey Mouse. Oubliés les décors tremblotants et les effets spéciaux dignes d’une kermesse d’école, le Docteur a désormais le chic pour faire pâlir d’envie ses homologues de l’autre côté de l’Atlantique. Et oui, l’époque où la série britannique se contentait de bouts de ficelles semble pour la première fois reléguée aux oubliettes grâce à un deal juteux avec Disney pour les droits de diffusion internationaux. Qui a dit que le temps des vaches maigres n’apportait pas de la créativité au bercail ?
Mais attention, si le sonnant et trébuchant peut faire des vagues, il n’a pas le super pouvoir de faire de l’ombre à l’essence de Doctor Who : un terreau fertile pour les scénaristes et acteurs de talent. Et pour cause, même embourbé dans des décors en papier mâché et des effets visuels sortis d’un autre âge, le charme opère toujours. Parce qu’au final, ce ne sont pas les prouesses techniques qui ont fait la renommée de la série, mais bien sa capacité à nous transporter dans des aventures épiques à la frontière de l’improbable et de l’imagination.
« L’argent ne fait pas le bonheur médical mais, cette fois, il n’est pas prescrit par le Docteur Who »
Ainsi, quand Russell T. Davies retrousse ses manches pour relancer la machine avec une valise Disney pleine à craquer, il opte pour un drame familial en pleine effervescence extraterrestre. Pas besoin d’une débauche d’effets spéciaux pour donner le frisson, une confrontation émotionnelle entre Catherine Tate et David Tennant suffit amplement. The Star Beast démontre avec brio qu’il existe des trésors bien plus précieux que l’argent, notamment l’amour inconditionnel d’une mère pour sa fille. Dans l’univers de Doctor Who, le véritable or n’a jamais été matériel.
Ce nouvel opus doit audacieusement marquer le 60ème anniversaire de la série tout en embrassant une nouvelle foule de spectateurs. Fini le temps où il fallait se décarcasser pour dénicher les épisodes de Doctor Who, Disney+ dépose désormais la série sur un plateau d’argent cosmique. D’emblée, le récit, qui puise ses racines dans une BD des années 70, nous catapulte dans un récit ou aliens mignons et créatures belliqueuses se bousculent au portail.
Mais la richesse n’est pas toujours synonyme de plénitude, et il en va de même pour le budget d’une série. Une bataille homérique où le Docteur navigue entre les maisons éventrées a beau nous en mettre plein la vue, gage de moments de pur plaisir coupable, on en vient à se demander si ces effusions spectaculaires sont réellement nécessaires. N’est-ce pas plutôt dans les billets doux échangés entre personnages que réside l’âme de la série ?
Et Davies, dans son infinie sagesse, semble adhérer à cette idée. Plutôt que d’opter pour un final éclaté, il concentre l’émotion sur un moment où le sacrifice et la force de Catherine Tate éclipsent toutes les cascades de Land Rovers du monde. C’est là, dans l’intimité d’une pièce confinée où l’affrontement moral remplace celui des armes, que le cœur de Doctor Who s’emballe.
La fin de l’épisode sonne comme un rappel de l’essence même du programme : l’intelligence émotionnelle surpasse la dépense. Et quand Donna évite de justesse la mort grâce à une pirouette scénaristique aussi habile que touchante, on ne peut que sourire devant tant d’ingéniosité et d’humanité. Doctor Who nous prouve une fois de plus qu’il n’a pas besoin de flambées de billets verts pour enflammer les cœurs. Et attention à ne pas trop papillonner autour du distributeur de café, les TARDIS n’ont pas la garantie anti-incendie!
Source : Engadget
