« Qui ne comprend pas le language des protéines, que l’IA lui prête son cerveau ! » Vous sentez cette odeur de wet-lab traditionnel ? Moins prenante qu’avant, si vous voulez mon avis. Eh bien, c’est grâce à la jeune pouce biotech et IA, Cradle, qui, forte de son approche générative dans la conception des protéines, attire de gros clients et un joli pactole de 24 millions de dollars en investissements.
Sortie de l’ombre il y a peine un an, au moment où les modèles linguistiques avancés étaient la nouvelle coqueluche de la technosphère, Cradle a fait le pari fou que les longues suites d’acides aminés qui composent les protéines de nos corps étaient comparables à « un langage de programmation venu d’ailleurs ». Pas simple pour nous, humains, de baragouiner ce dialecte extraterrestre, mais un jeu d’enfant pour l’IA qui se charge ensuite de nous faire la traduction !
Cette stratégie ingénieuse a tapé dans l’oeil de géants de la pharmacologie tels que Johnson & Johnson et Novozymes. Fabriquer une protéine utile et fonctionnelle n’est pas une mince affaire : imaginez des années et des milliers d’expériences en laboratoire. Avec l’IA de Cradle ? On gagne un temps fou et on réduit considérablement le nombre de manipulations.
Cradle prétend révolutionner le délai de développement des protéines, et ses résultats pourraient bien faire bouillir le monde de la biotech !
Il n’y a pas que du blabla ; on a des chiffres qui font rêver : prenez l’exemple de l’enzyme T7 RNA polymérase et de sa stabilité à haute température. Avec les méthodes traditionnelles, comptez moins de 5 % de réussite pour obtenir la mutation désirée ; avec Cradle, on monte à 70 % ! C’est un peu comme scorer à tous les coups au loto scientifique.
Au menu chez Cradle, on trouve aussi des petits plats qui promettent : une dehalogenase pour dépolluer les sols, un facteur de croissance pour la viande de culture, une transaminase pour comprendre certaines pathologies ou encore des anticorps thérapeutiques. Stef van Grieken, le PDG, nous confit par e-mail que face à une ingénierie protéique maison, l’IA générationnelle de Cradle remporte haut la main la palme de l’efficacité.
Les améliorations sont pas piquées des hannetons, et même une petite avancée serait une aubaine pour les entreprises qui investissent des millions dans ces technologies. Cependant, produire des molécules candidates n’est qu’une partie de l’épopée du développement pharmaceutique.
Le potentiel de la plateforme Cradle pour accélérer la phase de R&D et l’arrivée sur le marché de produits bio-innovants a déjà été prouvé, nous assure van Grieken. Avec plusieurs cycles d’expérimentations terminés, les modèles d’IA montrent une efficacité impressionnante sur un éventail varié de protéines et de missions.
Ne pensons pas que cet outil est réservé aux seuls médicaments ; il pourrait également révolutionner le domaine alimentaire et industriel. Et puis, cerise sur le gâteau pour les scientifiques, point besoin d’être ingénieur en machine learning pour manier la bête : Cradle est à la portée de tous les laborantins.
J’ai demandé à van Grieken ce qu’il pensait de monter une boîte de biotech dans l’UE, où beaucoup dans son équipe ont fait leurs armes dans la Silicon Valley. « Il y a des pour et des contre », nous dit-il. Si lever des fonds pour une entreprise de deep-tech est plus compliqué en Europe, il vante le réservoir de talents hautement qualifiés de Zurich et affirme que la concurrence y est moins rude qu’à San Francisco. Et surtout, être proches de ses clients européens a ses avantages, conclut-il avec optimisme.
Ah, et pour parler chiffres, les 24 millions de dollars de Cradle viennent après un joli petit matelas de 5,5 millions récoltés l’an passé. C’est principalement Index Ventures, déjà investisseur précoce, qui signe le chèque, avec d’autres investisseurs individuels. L’objectif ? Gonfler les rangs et booster les ventes, évidemment.
Source : Techcrunch