Robinhood en Angleterre, est-ce vraiment une bonne nouvelle? Depuis plus d’une décennie, la plateforme de trading d’actions Robinhood a conquis le marché américain, mais face à un succès controversé, se pose la question de sa récente ouverture au Royaume-Uni – un coup d’éclat ou un faux pas de plus?
Le début tant attendu au Royaume-Uni a été annoncé aujourd’hui, mais ne devrait-on pas s’interroger sur les implications de cet accès anticipé pour les inscrits sur liste d’attente avant la disponibilité générale prévue pour début 2024? Avec une préparation initiale il y a près de cinq ans et un premier échec en 2020, Robinhood parvient-elle à rebondir en prenant en compte ses erreurs passées ou est-ce un signe avant-coureur de futures contestations?
Ce n’est pas sans connaître une pression intense aux États-Unis, la plateforme a accumulé des allégations de tromperie envers ses clients et des amendes de plusieurs millions de dollars – des erreurs qui pèsent lourd dans la balance. Les défaillances présumées comprennent l’utilisation de stratégies de gamification cyniques incitant les utilisateurs inexpérimentés à effectuer des transactions risquées. En acceptant un règlement suite au décès par suicide d’un jeune étudiant, Robinhood a-t-il prouvé sa volonté de changement?
Robinhood, un modèle économique douteux corrigé pour le marché britannique?
Après avoir fait l’objet de tant de controverses, quelles leçons Robinhood a-t-elle tirées de l’expérience américaine avant de traverser l’Atlantique? La perspective de pénétrer de nouveaux marchés, notamment le Royaume-Uni, constitue-t-elle une stratégie viable face à de jeunes concurrents locaux et des firmes financières traditionnelles, déjà bien implantées?
En dépit d’une concurrence de plus en plus vive, Jordan Sinclair, président de Robinhood U.K., rayonne d’optimisme quant au potentiel non exploité du marché britannique. Alors que les upstarts du secteur gagnent du terrain, Robinhood se tourne vers une clientèle jeune et technophile, mais est-elle vraiment en mesure de concurrencer les services déjà établis et appréciés par un public averti?
La promesse de transactions sans commission et sans frais de change étranger semble trop belle pour être vraie, mais comment Robinhood envisage-t-elle de prospérer au Royaume-Uni sans le « payment for order flow », une pratique qui lui a valu de vives critiques aux États-Unis? Avec des régulateurs mondiaux de plus en plus réticents à cette pratique, la diversification des revenus et le développement de nouveaux produits tels que le prêt d’actions ou les offres de produits de retraite marquent-ils suffisamment un tournant stratégique pour la plateforme?
Alors que Robinhood cherche désormais à se lancer dans le marché des crypto-monnaies dans l’Union européenne, elle reste prudente vis-à-vis du marché britannique, peut-être en attente d’une législation similaire à celle en gestation dans l’UE. Dans cette quête d’affirmation internationale, l’entreprise est-elle enfin prête à adopter les leçons du passé pour éviter une répétition de ses échecs?
En misant sur une expansion prudente et sélective, Robinhood semble privilégier une stratégie de croissance graduelle. Tenant compte de ses écueils américains, la société intègre des guides et tutoriels directement dans son application pour éduquer sa nouvelle clientèle. Mais peut-on vraiment dire que Robinhood est en train de changer de cap, ou s’agit-il simplement de vernis appliqué sur une machine encore imparfaite? La réussite de Robinhood au Royaume-Uni répondra-t-elle aux attentes de ses dirigeants ou la firme est-elle destinée à revivre ses erreurs passées?
Source : Techcrunch
