« Qui a besoin de balles quand on a des batteries ? » L’épopée du Tesla Cybertruck semble tout droit sortie d’un film de science-fiction où les méchants auraient des comptes en banque bien garnis et une curiosité pour les véhicules, euh… « aesthetically challenged ». Après quatre longues années d’attente, 10 heureux acheteurs — ou devrais-je dire, esthètes de la bizarrerie automobile — ont finalement reçu les premiers modèles de cette oeuvre d’art roulante, propulsée par Elon Musk, ce cher entrepreneur qui embrace un peu trop son côté Mad Max.
Ah, le Cybertruck ! Cette masse de 6,600 livres de métaux plus solides que le script d’un film de Michael Bay se veut être la quintessence de l’imaginaire d’un homme. Un véhicule qui promet « more utility than a truck, faster than a sports car » et qui incarne, paraît-il, la virilité menacée, la puissance brute et la finesse d’un bunker roulant. Il vous faudra débourser la modique somme d’environ $80,000 pour cette sécurité sur quatre roues, qui vous protégera de tout, des regards envieux aux projectiles balistiques.
“L’utilité et la vitesse d’un Cybertruck n’ont d’égal que son aptitude à écraser des records de masculinité.”
Tenez-vous bien ! La fonction « bulletproof » est juste là parce que… pourquoi pas ? Pendant le livestream, Musk s’est vanté de la résistance supposée du Cybertruck tandis que l’on nous montrait des vidéos du véhicule recevant des tirs de diverses armes à feu. En parlant de vidéos, regardez cette démo spectaculaire que Tesla aurait certainement aimé nous montrer si elle avait encore une équipe de relations publiques à son bord.
Regardez cette démonstration en vidéo… Ah non, attendez, on a oublié que Tesla n’a plus d’équipe de relations publiques depuis 2019. Donc pas de vidéo, désolé. Mais imaginons ensemble ! Une balle de .45 glisse élégamment sur la carrosserie sans laisser une égratignure, la preuve ultime que Musk a pensé à tout, excepté peut-être au fait qu’une balade en Cybertruck pouvait éventuellement se transformer en duel au pistolet. Yeehaw ?
Ce théâtre de l’absurde se situe dans un pays où les accidents de la route et la violence par armes à feu sont en hausse. Alors, qu’un magnat de la tech promeuve son joujou comme un symbole de pouvoir et de sécurité pour l’élite paraît aussi loufoque qu’un épisode de « Pimp My Ride » dans un film de George Romero. Et puis, à quoi bon un tank personnel si c’est pour écraser les gens sur le passage vers votre bunker post-apocalyptique ?
Mais il n’y a pas que le côté « Mad Max » de la chose ; la science vient ajouter son grain de sel. Des études ont montré que les SUV et les camions, de par leur poids et leur forme, sont significativement plus dangereux pour les piétons. Un Cybertruck qui frôle les trottoirs, c’est comme quand le mur du Game Over dans « Tetris » se rapproche dangereusement et que votre coeur bat à la vitesse d’un 0 à 60 en 3 secondes.
Alors voilà, le Cybertruck est presque prêt, et avec lui, l’idée qu’il serait là pour libérer les pires instincts des conducteurs américains et leur offrir la « liberté » de faire ce qu’ils veulent. Cependant, il semble qu’Elon Musk ait omis un petit détail dans son scénario de fin du monde : les routes ne sont pas que l’apanage des Cybertrucks. S’il ne veut pas que ses créations soient les dernières victimes de leur propre hubris, notre cher visionnaire devra peut-être envisager de programmer une conduite plus… délicate.
Le Cybertruck, c’est un peu comme une promesse de science-fiction qui devient réalité : on y voit des coiffures improbables, des gadgets de piratage et un monde où l’inégalité de richesse atteint des sommets de mauvais goût. Pour le marketing, c’est un coup de génie mâtiné de n’importe quoi. Cependant, n’oublions pas que même si Al Capone revenait pour vider son chargeur sur votre porte, la vraie question reste : en cas d’apocalypse, les chargeurs de batteries suivront-ils ? Après tout, que la force électrique soit avec vous… ou pas.
Source : Engadget