OpenAI a-t-il franchi une nouvelle étape dans le monde de l’intelligence artificielle avec son dernier coup d’éclat ? L’entreprise s’engage à rémunérer l’éditeur allemand Axel Springer pour utiliser ses articles d’actualité afin d’entraîner ses modèles d’intelligence artificielle. Mais le montant de la transaction reste un mystère ; selon Bloomberg, on parle de dizaines de millions d’euros sur trois ans. Qu’est-ce qui justifie un tel investissement pour OpenAI, et quelle valeur cela ajoute-t-il à leurs modèles de langue avancés comme ChatGPT ?
Quel est l’intérêt pour OpenAI de signer un tel partenariat ? Le directeur des opérations d’OpenAI, Brad Lightcap, proclame que cela permettra de fournir de nouvelles façons d’accéder à des contenus d’actualité de qualité en temps réel à travers leurs outils d’IA. Ils s’engagent par ailleurs à collaborer avec les éditeurs et créateurs du monde entier pour qu’ils tirent parti des technologies d’IA avancées et de nouveaux modèles de revenus. Mais cet engagement est-il véritablement mutuellement avantageux, ou bien dissimule-t-il une stratégie d’accaparement de contenu ?
D’où vient ce besoin soudain de formaliser des accords avec des éditeurs de contenus ? Il semble être la conséquence directe des critiques et des poursuites judiciaires entreprises par les créateurs, auteurs et éditeurs contre les entreprises d’IA générative pour l’entraînement de leurs modèles sur du contenu sans consentement ni rémunération. Avec des géants tels que The New York Times ou la BBC qui bloquent l’accès à leurs données, OpenAI cherche-t-il à s’éviter d’autres conflits légaux, et peut-être même à redorer son blason en matière de droits d’auteurs ?
La mise en œuvre de ce partenariat serait-elle un modèle à suivre pour un avenir où l’intelligence artificielle et le journalisme coexistent harmonieusement ?
En vertu de cet accord, Alex Springer fournira non seulement des articles de presse actuels mais également des archives de toutes ses marques pour entraîner les modèles de langage d’OpenAI. Lorsque ChatGPT se servira des articles d’Axel Springer dans ses réponses, il inclura une attribution et des liens vers les articles originaux. Est-ce une manière transparente d’attribuer le crédit, ou une simple formalité permettant à OpenAI de continuer à utiliser le contenu en toute légalité ?
OpenAI n’en est pas à son premier partenariat avec un éditeur de nouvelles ; mais quelle est la spécificité de celui-ci ? Plus tôt dans l’année, un partenariat de deux ans avait été conclu avec The Associated Press pour utiliser des contenus sélectionnés de leurs archives. Cependant, cette entente ne permettait pas à ChatGPT d’utiliser le contenu de l’AP dans ses réponses. OpenAI tisse-t-il un réseau de partenariats stratégiques pour une couverture médiatique étendue, ou cherche-t-il surtout à diversifier ses sources d’entraînement pour ses modèles d’IA ?
Le partenariat entre Axel Springer et OpenAI s’intéresse également à la manière dont l’éditeur pourra améliorer ses propres produits grâce à la technologie d’OpenAI. Cette initiative pourrait-elle marquer le début d’une ère nouvelle où l’intelligence artificielle devient un outil quotidien pour les journalistes, et non plus une menace pour leur profession ? Transformeront-ils l’essai en une collaboration fructueuse pour tous, ou bien le journalisme traditionnel risque-t-il d’être absorbé par l’efficacité froide de l’intelligence artificielle ?
En définitive, ce partenariat révolutionnaire pose une question fondamentale pour l’avenir du journalisme : est-il possible de créer un écosystème où auteurs, éditeurs et technologies d’intelligence artificielle cohabitent dans un respect mutuel des droits et des intérêts de chacun ?
Source : Engadget