« Lorsque l’étalon des ventes en ligne se cabre, les ânes reprennent leur liberté ! » Ça pourrait être la morale de cette histoire saugrenue où Amazon, le géant du e-commerce, a décidé de mettre un frein à la vente d’une gelée d’origine équine un peu controversée en Californie. Tiens-toi bien, une enquête de nos confrères de Wired révèle une histoire à dormir debout : Amazon a trouvé un terrain d’entente avec un organisme de défense des équidés qui se plaignait que la vente d’éjiao – une médecine traditionnelle chinoise à base de peau d’âne – enfreignait une petite loi californienne somme toute assez chevaleresque.
Figure-toi, la chicane a débuté en février dernier lorsque le Centre pour les Études Équines Contemporaines s’est dressé sur ses grands chevaux en pointant du doigt Amazon pour violation de la Prohibition de l’Abattage des Chevaux et de la Vente de la Viande de Cheval pour Consommation Humaine Acte. Selon eux, aucun âne ne devrait être mis dans le même panier que les chevaux selon la lettre de la loi.
L’accord d’Amazon en Californie pourrait marquer la fin de la ruée vers l’éjiao.
L’éjiao, c’est un peu la gelée royale des ânes, mais toujours est-il que ses vertus tiennent plus de la légende que de la réalité scientifique. Apparemment, si on en croit les croyances, ça guérit tous les maux, du sang jusqu’à l’insomnie et la toux sèche. Mais seul un seul·e chercheur/euse courageux/se égaré/e dans les méandres de la recherche, financé/e par un fabricant d’éjiao, a osé dire que ça pouvait avoir un effet sur l’anémie. Je mets ma crinière à couper que les résultats sont à prendre avec des pincettes !
Et que dire de tout ce cirque autour de l’extinction alarmante des ânes ? L’Institut de Bien-Être Animal sonne l’alarme : le business de l’éjiao se traduirait par des conditions de vol, de transport et d’abattage tout droit sorties d’un film d’horreur. Pendant que, toujours selon un rapport du Donkey Sanctuary, en Tanzanie, les ânes passeraient même sous le marteau pour satisfaire les quotas ! Pauvres bêtes…
Alors, l’avocat des plaignants pavoise, pensant que cet accord avec Amazon donnera des ailes aux autres commerçants pour en finir avec la vente d’éjiao à travers l’état doré. Après tout, Amazon ne plie pas bagage à moins d’avoir le museau coincé dans un étau juridique. Et si le mastodonte cesse d’empaqueter et de promouvoir des produits violant la loi californienne, alors tout le monde devrait s’en inspirer, non ?
En tout cas, Amazon a promis de mettre tout en œuvre pour que l’éjiao n’arrive plus dans une boîte aux lettres californienne. Et lorsque j’ai tenté de commander des « Morceaux de colle de peau d’âne » en utilisant une vieille adresse (toujours active selon l’USPS) à Los Angeles, Amazon m’a vite ramené à l’ordre : « Désolé, cet article ne peut pas être expédié à l’adresse sélectionnée. » Et pan sur le museau !
Ainsi, cet accord pourrait signifier qu’Amazon, habituellement aussi insaisissable qu’un chat sauvage, a préféré troquer son pelage contre un âne un peu plus paisible. Et pour ceux qui sont encore bouche bée qu’Amazon ait vendu des produits d’âne (et en vend toujours en dehors de la Californie), attendez de voir le reste de leur menu exotique : alligator tout habillé, foie gras, jerky de kangourou ou encore viande de tortue. Bon appétit si vous avez l’estomac aussi solide qu’une carapace !
Source : Engadget