« Les secrets, c’est comme les poissons au fond des océans, un jour où l’autre, tout remonte à la surface ! » – Et voilà que même les bateaux discrets sont démasqués grâce à nos satellites espions et l’intelligence artificielle. Oui, car ces flibustiers de la haute mer ne peuvent plus se cacher ! Les dernières données disponibles suggèrent en effet que le nombre de navires en activité – qu’il s’agisse de pêcheurs ou de transporteurs – est bien plus élevé que les chiffres officiels ne le laissent présager. Il semble que les étendues marines cachent des secrets plus serrés que la boîte à sardines du capitaine Haddock.
Les océans, ces grandes étendues bleues qui unissent les continents, sont un peu la version aquatique de votre voisinage : tout le monde y passe, mais personne ne se dit bonjour. Le système d’identification automatique (AIS) joue les Big Brother maritimes, mais il a l’efficacité d’un filet troué. Des flottes entières échappent à son contrôle, rendant la collecte de données – (d’où viennent ces navires? Quelles quantités de poisson chapardent-ils ?) – plutôt floue.
C’est là que nos yeux célestes prennent la relève. Les satellites, impassibles, scrutent ces navires récalcitrants qui pensaient passer un petit week-end tranquille dans des eaux interdites. Et avec la magie de l’apprentissage automatique (machine learning), les millions d’opérations nécessaires pour suivre ces coquins de navires sont désormais réalisables. Fini le bon vieux temps où l’on pouvait pêchouiller en paix dans son coin !
Le jeu du chat et de la souris prend une tout autre dimension quand le chat peut regarder depuis l’espace!
Une étude publiée dans la revue Nature par la team du Global Fishing Watch a rassemblé deux pétaoctets d’images spatiales de 2017 à 2021. Surprise surprise : environ les trois quarts des navires industriels de pêche jouent au sous-marin (sans les torpilles), ils passent sous le radar des systèmes de suivi publics.
Cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient dans l’illégalité la plus totale. Entre ceux qui éteignent leur transpondeur pour une sieste tranquille et ceux qui naviguent dans des zones plus vierges que votre agenda du lundi matin, la distinction est importante. Mais alors que nos populations s’accroissent et que nos eaux se réchauffent, il devient vital de partager ces données jusqu’au-delà de nos frontières terrestres.
Passons maintenant au plat de résistance : les statistiques. Si l’on en croit les données AIS, l’Europe serait une passionnée de pêche spartiate avec 36 % de l’activité, tandis que l’Asie se contente de 44 %. Mais les satellites, eux, n’ont pas la même chanson à la bouche, ils nous livrent un tout autre refrain : 10 % pour l’Europe et un majestueux 71 % pour l’Asie, avec la Chine en tête d’affiche, tenant le rôle de la superpuissance de la pêche.
Les satellites ont également surpris ces pêcheurs de l’extrême zonant dans les eaux intouchables des Galápagos, bafouant allègrement la loi internationale. On se doute bien que ces vaisseaux fantômes ont reçu une attention toute particulière. L’objectif pour la suite ? Travailler main dans la main avec les autorités régionales pour assurer la garde de nos zones maritimes protégées. Un travail titanesque, mais comme le dirait le marin d’eau douce : c’est la première version de notre plateforme de données ouvertes, prête à être améliorée au fil des vagues et des vents.
Source : Techcrunch