« Ils disaient que le vol supersonique sur terre c’était de la science-fiction, mais même Le Petit Prince n’avait pas vu ça venir ! » Ah, les boomers ! No, pas ceux-là, je parle des « sonic booms », cette détonation estrade lorsqu’un avion franchit allègrement le mur du son à 767 mph. Ces mêmes booms qui ont cloué le supersonique au sol étasunien depuis plus d’un demi-siècle pour le bien de nos tympans.
Mais voilà que la NASA, après nous avoir emmenés dans les étoiles, veut redonner des ailes au vol supersonique sans le « boum » qui l’accompagne. Le 12 janvier, mother space agency a fièrement présenté son X-59, un avion de 30 mètres tendance « long nez » capable de filer à 925 mph à une altitude peu fréquentée par les vols commerciaux, soit 55,000 pieds. L’ingénierie ici, c’est de transformer le « boum » légendaire en un discret « thump », un peu comme fermer la portière de votre voiture après avoir récupéré votre café Drive-Thru.
Le rêve ? Voyager de Los Angeles à New York en deux petites heures. Mais étape par étape. Après tout, ces avions pourraient théoriquement diviser par deux la durée de nos vols; une révolution attendue, mais qui soulève de grandes questions sur la viabilité économique de tels voyages à la vitesse de l’éclair.
« Et si la compagnie aérienne manque de carburant, elle ne manquera pas de courage pour faire décoller l’économie du supersonique. »
Soyons réalistes, d’accord ? Ce jet a été conçu par Lockheed Martin pour la NASA (rien que ça) aux doux coûts de 247,5 millions de dollars et il a quitté son hangar Skunk Works pour rejoindre le programme QueSST (Quiet SuperSonic Technology). Et au cas où vous en douteriez, avec la NASA aux commandes, il y a de bonnes chances que leur plan de réduire le boomer… euh, le boom, fonctionne.
Les vols d’essai du X-59, prévus pour enchanter les oreilles des futurs passagers à compter de 2025, se tiendront d’abord autour du range Edwards Air Force Base en Californie avant de sillonner d’autres villes américaines entre 2026 et 2027. Comment ça sonne ? Ils nous le demanderont bien gentiment.
Ce tournant attendu nous rappelle le défunt Concorde et ses retombées économiques pour le moins… explosives. Valait-il ses 12 000$ l’aller-retour (au tarif du siècle dernier) ? Pour voler à 1,350 mph au-dessus de l’océan mais jamais au-dessus des terres, visiblement pas. Aujourd’hui d’autres fabriquants, comme Boom Technology, veulent entrer dans la danse. Mais pour que le supersonique puisse à nouveau survoler le territoire américain, il va falloir prouver que le « boom » peut devenir un « thump » et que, cerise sur le gâteau, ce sera économiquement viable.
« N’oubliez pas que c’est une entreprise, si l’avion ne rapporte pas d’argent, l’entreprise le gare, » conclut van der Linden, expert en aviation. En somme, pour les vols supersoniques, ce n’est pas demain la veille que nous battrons des ailes vers le futur. À moins que les géants de l’aérien n’aient plus d’un jet dans leur manche !
Source : Mashable