« Mots trop durs en soirée, messages effacés au petit matin. » – L’adage revisité du Silicon Valley. Vendredi, Garry Tan, le président de Y Combinator et mentor de la tech, a probablement souhaité avoir une machine à remonter le temps. En mode Tupac 2.0, il a lancé sur la toile un florilège d’insultes digne d’une battle rap des années 90, adressant un « Fuck […] Die slow motherfuckers » aux sept superviseurs de San Francisco. Pour ce génie du numérique, c’était apparemment juste une question de lyrisme.
Le média local qui a révélé l’échange croustillant note que Tan, interpellé par un internaute sur son état second, a riposté avec un poétique « you are right and motherfuck our enemies ». Ah, le doux parfum de la diplomatie numérique…
La teneur des messages a choqué par sa violence verbale, et Tan, dans un sursaut matinal, a fini par s’excuser, évoquant un manque de discernement dans son interprétation très libre de l’œuvre de Tupac. Mais avouons-le, confondre les couloirs de la tech avec un clash East Coast/West Coast, il fallait oser !
Garry Tan, quand la technologie rencontre Tupac et que la soirée finit en apologie.
Passée la surprise, les superviseurs et Tan lui-même ont tenté de rattraper le coup avec une série de pardons plus formels. Mais un détail croustillant vient s’ajouter à la recette : Myrna Melgar, l’une des superviseures visées, avoue n’avoir jamais croisé notre héros du jour.
S’agissait-il d’un faux-pas ou d’un acte manqué pour celui qui a pris la tête de l’iconique accélérateur de startups en août dernier, succédant à Geoff Ralston ? Évoquons rapidement le passé de Garry Tan : un gamin de San Francisco devenu un as du web grâce à un audacieux coup de fil, une ascension fulgurante en tant qu’entrepreneur et investisseur, un retour flamboyant chez Y Combinator, et une longue liste de vidéos inspirantes pour les apprentis entrepreneurs.
Alors que se cache-t-il derrière ce nouvel épisode ? Tan semble jongler entre la sagesse de ses vidéos et une agressivité inattendue sur les réseaux, éclaboussant au passage la réputation de Y Combinator. Emerge ainsi un Tan parfois combatif, parfois rancunier, mais toujours humain – un élément que ne manquent pas de souligner ceux qui lui prêtent une oreille (et une seconde chance) indulgente.
Certes, le world wide web est devenu un bourbier où le tact a parfois rendu l’âme. Mais on se demande si le président de la plus prestigieuse institution de startups au monde n’a pas dépassé les bornes. Entre nous, souhaiter la mort à des politiciens, même en plein délire numérique alcoolisé, n’est-ce pas une pilule un peu dure à avaler pour l’écosystème YC ?
On pourrait toutefois opter pour l’indulgence, comme certains qui prennent les choses à la légère (au moins en apparence). Comme l’a souligné un investisseur et fondateur qui connaît bien Tan en répondant à TechCrunch aujourd’hui, « C’était idiot, mais il est humain et mérite le pardon ». Une histoire de pardon, de failles et de filtres… ou plutôt, d’absence de filtres.
Source : Techcrunch