« En matière de justice, c’est souvent la montagne qui accouche d’une souris numérique. » Alors que Samsung Electronics bourdonnait de rumeurs et de récriminations, voilà que son grand manitou, Jay Y. Lee, se retrouve innocenté en ce qui concerne des petites broutilles comme… la manipulation des cours de bourse et la fraude comptable liée à la fusion de filiales Samsung de 2015. Une Cour sud-coréenne a tranché l’affaire ce lundi, aussi sec qu’un écran OLED flambant neuf.
Dans la ruche de Samsung, on entendait bourdonner les procureurs qui, lors des audiences de novembre, réclamaient au vice-président cinq bougies sur un gâteau carcéral et une addition salée de 500 millions de KRW, soit l’équivalent de 375 000 dollars en petites coupures numériques. Ils le soupçonnaient d’avoir gonflé sa part dans le techno-graphe Samsung grâce à une fusion un peu trop calculée, histoire de tenir fermement la manette du jeu de pouvoir.
Mais voilà, l’homme à la barre de Samsung s’est défendu en affirmant que ces accusations étaient aussi crédibles qu’un smartphone sans écran. Il a assuré que la fusion et les comptes, tout était dans l’ordre normal des affaires – rien de plus banal qu’une mise à jour logicielle. Et pour le coup de la manipulation, il aurait plutôt passé son tour; après tout, pourquoi jouer les magiciens avec les actions quand on dirige déjà le spectacle?
Même si la saga judiciaire pourrait connaître des rebondissements, pour l’instant, Jay Y. Lee reste libre comme l’air… ou presque.
L’affaire se tricote autour de trois fils conducteurs bien tordus: l’inflation fictive du cours de l’action de Cheil Industries, l’aiguille textile de Samsung, le détricotage méthodique de la valeur de la filiale construction Samsung C&T, et en prime, une accusation de fraude comptable de près de 4 milliards de dollars chez Samsung Biologics. Le but du jeu, selon les procureurs, c’était que Lee finisse par pouvoir faire des passes de génie dans l’électronique coréenne.
Les actionnaires de Samsung C&T, eux, auraient eu le sentiment de se retrouver avec des chaussettes dépareillées après cette fusion.
Il existe cependant une autre ombre au tableau de bord de Lee : un épisode précédent où notre homme d’affaires aurait pris un peu trop bien soin de l’ancienne présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, via un petit pot-de-vin. Cette mésaventure lui a déjà valu une retraite anticipée derrière les barreaux entre 2017 et 2021. Mais comme un bon gadget Samsung, il a su rebondir grâce à une mise à jour présidentielle en 2022, avec une grâce qui lui a redonné sa liberté.
Source : Techcrunch