« Il y a toujours quelque chose de bleu dans ce monde de geeks ! » Voilà ce que pourrait se dire Jay Graber, CEO d’une certaine Bluesky, tout droit sortie des cartons de l’univers des réseaux sociaux. Entre gérer une classe de garnements technophiles et son rôle actuel, la différence peut sembler mince. Comme toute bonne prof’ remplaçante qui se respecte, elle affronte le regard inquisiteur de ses élèves, prêts à se moquer de la moindre faille dans son armure.
Alors que l’application, un clone de Twitter, s’ouvre au grand public, Graber évoque avec humour son premier faux pas public en tant que PDG. « Skeet » ou « tweet »? Les utilisateurs ont choisi par la force des choses, et c’est avec un soupçon d’auto-dérision que notre enseignante du net a rendu les armes devant l’inventivité de ses utilisateurs.
Ce n’est pourtant pas tous les jours la cour de récré chez Bluesky, qui se retrouve confronté aux défis d’une plateforme sociale décentralisée. Comment créer des outils sociaux open source sans risquer de voir des méchants les détourner de leur noble chemin ? Ah, l’enseignement a bien changé depuis nos chères vieilles écoles.
« Des algorithmes farceurs aux communautés de mousse, Bluesky tisse sa toile dans l’univers des geeks. »
Bluesky, ce n’est pas seulement la nouvelle compétition pour Twitter. C’est aussi un protocole social open source du nom de AT Protocol. Ni une ni deux, la salle de classe se retrouve avec ses petits génies modifiant le code pour y ajouter des vidéos, des GIFs, et même des lectures d’iframe YouTube, pour que tout un chacun puisse profiter de cette plateforme participative.
Chaque développeur peut devenir le maître de son propre algorithme de fils d’actualité, et certains sont vraiment… particuliers. Des algorithmes pour suivre les yakuzas comme des filtres de photos de mousses, il y en a pour tous les goûts ! Un modèle éducatif flexible, mais qui impose de faire attention aux élèves un peu trop imaginatifs.
La salle de classe a pourtant ses propres règles : si la plateforme ressemble fortement à Mastodon, un autre réseau fédéré, Bluesky choisi de ne pas copier les devoirs de son ancêtre et forge sa propre voie avec un protocole entièrement indépendant. Instagram et WordPress veulent jouer le jeu de l’interopérabilité, mais chez Bluesky on mise sur le fait maison.
Graber n’en est pas à son premier projet social ; elle avait déjà fondé Happening avant de se voir confier Bluesky. Avec ses racines dans la blockchain, elle a préféré mettre l’accent sur l’expérience utilisateur plutôt que sur l’évangélisation technologique. C’est que prof ou CEO, tout est dans l’équilibre entre passion et pédagogie.
Si le concept open source fait rêver, l’oiseau bleu va devoir apprendre à voler face aux vents contraires de la modération de contenu. Mastodon en sait quelque chose avec son expérience difficile face au réseau d’extrême droite Gab. Sur Bluesky, on mise sur le fait que la communauté saura fonder ses propres classes avec des règles bien à elle, même si cela veut dire que les cancres auront aussi leur cour de récré.
Et comme pour toute bonne leçon, il y a toujours une morale à la fin : « Quand vous vous lancez dans l’univers décentralisé et open source, vous pouvez bien sûr attendre de vos utilisateurs qu’ils soient de parfaits petits soldats du code… Mais parfois, il faut accepter que la réalité soit un poil plus bordélique. » Un tableau bleuté qui ne demande qu’à être rempli de couleurs variées – du moment bien sûr, que vous n’en voyez pas de toute les couleurs !
Source : Techcrunch