« L’habit ne fait pas le moine, » et chez Apple, on pourrait dire que l’app ne fait pas le casque. Quand on pense innovation, on s’imagine souvent une rupture spectaculaire avec le passé. Or, avec le lancement de l’Apple Vision Pro, on réalise que même dans la technologie, on aime bien se raccrocher aux bonnes vieilles méthodes. C’est un peu comme ces premières émissions de TV qui avaient le charme et la fraîcheur… d’une émission de radio filmée.
Le Vision Pro, c’est la tentative de faire du petit nouveau dans la classe Apple la star des cours de récré. Avec sa boutique d’apps visionOS, Apple joue la carte de l’hybride: des apps pour tablettes et spécifiques au nouveau jouet. Pratique pour donner le change, pendant que les gros poissons de l’app monde (coucou YouTube), jouent les Arlésiennes.Vision Pro, c’est un peu comme un enfant prodige qui serait aussi un as du recyclage.
Parlons peu, parlons bien: 600 apps optimisées pour l’inauguration, ce n’est pas rien. Mais la vraie force de frappe, c’est ce catalogue d’apps iPadOS déjà prêt à swatter sur le casque. Et qu’est ce qu’on entend par « optimisé » ? Disons que ça va du petit coup de peinture UX pour flatter le tracking des mains, jusqu’à la totale immersion. Un bon début, mais qui ne nous fait pas encore totalement oublier la chaleur du bon vieux smartphone.
La révolution tech, c’est un marathon, pas un sprint. Et sur la ligne de départ, Apple mise sur les développeurs.
Et oui, à défaut de vous avoir infligé mon pavé critique de la semaine dernière, retenez ceci : le Vision Pro se battra sur le ring du contenu, les poings serrés par les développeurs. L’iPhone premier du nom, c’était impressionnant. Mais ce qui a vraiment mis K.O. la concurrence, c’est l’App Store du 3G qui a littéralement ouvert les vannes de la créativité numérique. Du coup, ce n’est plus un secret: ce n’est pas le flacon qui compte, mais l’ivresse des apps !
Levels d’immersion sont encore timides avec le Vision Pro. Somme toute logique : les développeurs sont un peu comme des fauves en cage, attendant de voir si la foule sera au rendez-vous. Mais Apple ne part pas les mains vides : les Environments, ces fonds d’écran interactifs où l’on papote avec Neil Armstrong sur la Lune ou on bronze au bord d’un cratère, c’est déjà ça. Et des expériences comme « Dinosaurs », ça sent la grosse app qui donne déjà envie de voir ce qu’on réserve les futurs Spielberg du code.
Apple, avec son vision pro, a misé sur le concept de « bureau infini » (ça vous rappelle rien?). Un écran à 360 degrés, c’est sympa, mais on a quand même un peu l’impression de se retrouver avec une version glam et chère de la promesse de « l’entertainment » du futur. Parce que, oui, le joujou est vendu 3500$ et ce sont les entreprises avec leur gros chéquiers qui sont visées en premier lieu.
L’entertainment, il est là aussi, mais en mode timide. On a quand même des jeux, des films, mais c’est un peu comme si on avait servi un plat de résistance sur un plateau de télé, sans utiliser la possibilité de cuisiner avec un chef étoilé. Pour l’instant, le Vision Pro, ce n’est pas de la VR selon Apple, c’est juste un prologue technologique très « pro ».
Et pour ne pas tourner autour du pot trop longtemps : devenir grand public, ça va passer par deux étapes chez Apple. D’abord, casser la tirelire (la leur, pour réduire les coûts) et ensuite, garnir les étagères de contenu. Parce que bon, entre nous, ce n’est pas avec des apps de synthé et quelques pas de danse qu’on va convertir la terre entière au Vision Pro. Apple devra replonger dans ses casseroles pour mijoter quelque chose de bien plus savoureux.
Source : Techcrunch