« Les images valent mille mots, mais certaines pourraient en cacher un millier de suspectes! » – Si les images pouvaient parler, elles diraient probablement quelque chose d’embrouillé en ces temps de deepfakes politiques. Comme si on laissait Picasso à un débat présidentiel, la technologie s’amuse à redessiner les lignes du vrai et du faux. Si vous pensiez que l’artiste à moustache faisait de drôles de visages, attendez de voir nos chers politiciens version AI.
Le dernier picasso du numérique? Midjourney ! Si l’on se fie à Bloomberg, le PDG David Holz envisagerait d’exclure tout bonnement les images politiques de sa palette d’outil pour la prochaine année électorale aux États-Unis. L’objectif? Empêcher que le cirque politique ne devienne une foire aux deepfakes. David lui-même confesse une certaine fascination pour les images de Trump, reconnaissant qu’il y trouve un « intérêt esthétique ». Mais pour la prochaine élection, le mot d’ordre semble être de les remettre dans le chapeau du magicien et de dire « Abracadabra, disparaissez! ».
Il faut dire que ça chauffe dans les laboratoires numériques, Midjourney ayant déjà terminé les essais gratuits de son générateur d’images AI après que le Web ait été inondé de représentations trompeuses du pape en star de la haute couture et de Trump façon prisonnier de luxe. Les règles de la maison interdisent déjà la création de « fausses représentations publiques », ce qui n’empêchait pas le passé de montrer Trump en guise de plat de spaghetti. Mais même avec un peu de sauce tomate et d’emmental, on peine à digérer la facilité avec laquelle les figures politiques se font cuisiner dans ces marmites technologiques.
Le banquet des fausses images pourrait bien avoir servi son dernier plat de deepfakes à la sauce politique.
Évidemment, c’est bien joli de protéger son petit coin Internet, mais la question reste entière: quid du reste du buffet de l’information ? Midjourney veut éviter d’être la star de la soirée électorale pour de mauvaises raisons, mais cela ne règle pas la question des campagnes de désinformation qui continuent de servir de l’info avariée à l’électorat.
Heureusement, nos chefs étoilés du web remettent de l’ordre dans les cuisines. ChatGPT, par exemple, va commencer à marquer les images sorties du fourneau DALL-E 3, tandis que Meta s’échine à concocter une technologie capable de repérer la touche AI d’une image, vidéo ou audio. D’une certaine façon, donner de la transparence aux ingrédients de ce que l’on consomme sur Internet, c’est s’assurer qu’on ne s’étouffe pas avec un morceau de vérité artificielle.
Dans cette cuisine haute technologie, où la recette de la vérité est parfois plus compliquée que celle d’un soufflé au fromage, une chose est sûre : nos politiciens version AI risquent de ne pas passer la rampe des prochaines élections. Et si les deepfakes étaient à la politique ce que les régimes yo-yo sont à la nutrition : un passage éphémère avant de revenir à un menu plus équilibré? Sur ce, méfiez-vous des imitations, le vrai goût de la démocratie est sans ajout de pixels superflus. À bon entendeur, salut (pixelisé) !
Source : Engadget