La technologie robotique est-elle en train de rencontrer ses premiers vrais obstacles après des années de croissance exponentielle? Après deux ans de faste, les commandes de robots industriels ont chuté de près d’un tiers l’année dernière. Selon l’Association for Advancing Automation (A3), les entreprises nord-américaines ont acheté 31 159 robots industriels en 2023, contre 44 196 l’année précédente. Cela représente une baisse de 30 % pour ce marché clé. Mais ce recul était-il entièrement imprévu?
En août dernier, un rapport de ce groupe industriel avait déjà signalé une baisse de 37 % sur un an pour le deuxième trimestre de 2023. C’était le deuxième trimestre consécutif de déclin pour l’industrie. Pourquoi cette industrie auparavant « brûlante » semble-t-elle subitement refroidir?
Il y a de quoi s’interroger chez les fabricants de robots, certes, mais n’est-il pas nécessaire de nuancer ces chiffres en rappelant que 2021 et 2022 ont enregistré des ventes record pour l’industrie? Y avait-il une régression vers la moyenne inévitable après cette fièvre acheteuse?
La complexité derrière les chiffres traduit plus qu’un simple ralentissement post-pandémique.
Mais regardons au-delà des chiffres. L’industrie robotique n’est-elle pas également soumise aux vents contraires macroéconomiques qui bousculent le reste du monde technologique? Ces robots, loin d’être des gadgets de luxe, représentent de lourds investissements initiaux. La prudence n’est-elle pas de mise dans ces temps incertains? La location de robots avec le modèle « Robotics-as-a-Service » (RaaS) ne serait-elle pas alors une alternative séduisante?
Le secteur manufacturier, principal moteur de l’automatisation, a connu des heures difficiles en 2023, entraînant le report de nombreux projets d’achat de nouvelles machines. La pénurie de puces a-t-elle continué à entraver la production en première moitié d’année? Les robots automatisant la production automobile – plus de la moitié du total – ont en effet subi une chute de 34 % sur l’année. La diversification est-elle une réponse à cette dépendance au secteur automobile?
Les robots non-automobiles ont-ils connu un meilleur sort l’année dernière, en ne chutant que de 25 %? L’A3 a noté une demande plus élevée dans la fabrication de produits électroniques en métal, l’alimentation/consommation, le médical et les plastiques/caoutchoucs en dehors de l’automobile. Comment cela se traduit-il en termes d’adaptabilité des industries à l’automatisation?
Jeff Burnstein, président de l’A3, a partagé une vision optimiste en déclarant que, malgré la baisse des ventes sur l’année, le quatrième trimestre de 2023 a clôturé avec une augmentation par rapport au trimestre précédent et un nombre presque égal de ventes entre les entreprises automobiles et non-automobiles. Ces signaux sont-ils vraiment porteurs d’espoir pour un élargissement de l’automatisation dans plus d’industries?
Il est évident que la situation économique guidera les ventes futures, y compris les problèmes de recrutement cités par de nombreuses industries. Mais qu’en est-il des défis que représente l’adoption de l’automatisation pour la première fois? Et si les promesses des technologies robotiques n’étaient pas encore assez matures pour une adoption à grande échelle? D’un autre côté, le ralentissement des achats de véhicules électriques a-t-il un impact significatif sur ces chiffres globaux? Peut-on vraiment prédire une remontée des commandes dans le secteur automobile et ailleurs, ou est-ce là un vœu pieux?
Source : Techcrunch
