« La musique, c’est comme la pizza. Même quand c’est mauvais, c’est plutôt bon ! » Mais que se passe-t-il quand, en fouillant dans la boîte à pizza de l’industrie musicale, on tombe sur une pépite gustative qu’on n’avait pas commandée ? C’est l’expérience inattendue que j’ai vécue en découvrant Walter the Producer, un musicien indie de Boston qui manquait cruellement à ma playlist Spotify et à mes 150 000 écoutes mensuelles. Sans une rencontre fortuite dans une brasserie de Phoenix à des milliers de kilomètres de chez moi, accompagnée d’une recherche Shazam spontanée, Walter serait resté dans l’ombre de mon ignorance.
Dans le monde digital d’aujourd’hui, dénicher de la nouvelle musique est devenu un véritable safari urbain. Mais il semblerait que Walter le Producteur ait décidé de jouer des coudes dans cette jungle saturée de notes. « Si tu me caches, je viendrai te chercher », prétend-il dans la bio de son Spotify, lançant un défi ludique aux algorithmes et aux géants de la musique promus en masse par des entités riches et puissantes. Il semblerait que la route du succès soit plus embouteillée que jamais, avec les stratégies changeantes de Spotify, les tubes viraux de TikTok et les décisions éditoriales de Pitchfork ou Rolling Stone.
Créer de la musique est devenu un jeu d’enfant, mais la vendre est une autre paire de manches. Inspirés par cette dynamique, les fondateurs de Groover, une startup parisienne lancée en 2018, ont voulu donner leur chance aux artistes indépendants. Ils ont créé une plateforme où ceux-ci peuvent soumettre leur musique à des curateurs, qui offrent en retour des retours constructifs et une promotion bienvenue. Pour Romain Palmieri, co-fondateur et PDG de Groover, il était temps de résoudre le casse-tête de la promotion qui hantait leur carrière musicale.
« Le défi majeur pour les artistes est de promouvoir leur musique et de la faire entendre par les bonnes oreilles, » – Romain Palmieri.
En levant récemment 8 millions de dollars lors d’un tour de série A, guidé par des acteurs comme OneRagtime et Techmind, Groover ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Avec l’ambition d’étendre leur présence aux États-Unis, déjà leur plus grand marché, Palmieri et son équipe prévoient d’enrichir leur offre pour les artistes en quête de visibilité, en introduisant notamment coaching et ressources promotionnelles.
Le modèle économique de Groover sort du lot. Avec plus de 3 000 curateurs musicaux fixant leur propre tarif, la transaction se partage équitablement, laissant à chacun sa part du gâteau. Et si le morceau n’est pas écouté sous sept jours ? Vous êtes remboursés, mes chers artistes. C’est ça, la démocratie musicale !
Si payer pour être écouté peut sembler décevant, n’oublions pas que l’industrie musicale est aussi en pleine mutation. Le nombre d’artistes indépendants explose, tandis que le journalisme musical rétrécit comme peau de chagrin. Groover offre ainsi une approche centrée sur l’artiste, dans cette jungle où la visibilité se mérite durement.
Pour les artistes indépendants, Groover représente souvent la meilleure chance de se faire remarquer sans avoir à investir des sommes astronomiques en relations publiques, sans garantie de retour sur investissement. Idem pour les curateurs, qui naviguent dans l’océan infini de la nouvelle musique à la recherche de perles rares, et qui trouvent en Groover un phare dans la tempête.
La quête de la nouvelle musique n’a jamais été aussi ardue, mais évoquée autant par les tweets que dans les conversations entre amis. Pourtant, l’innovation comme Groover ou GigFinesse nous rappelle que dans le monde de la musique, comme dans celui des startups, il faut parfois aller au-delà du simple CV pour découvrir de vrais talents cachés.
Source : Techcrunch