La bataille juridique entre Meta et la société israélienne de web scraping, Bright Data, soulève-t-elle des questions plus profondes sur la propriété des données en ligne? Meta, connu pour sa lutte contre le scraping de données sur ses plateformes, a récemment cessé son action judiciaire contre Bright Data, après avoir perdu une prétention clé dans son dossier. Mais n’est-ce pas paradoxal que Meta ait été client de Bright Data, profitant des données d’e-commerce pour enrichir ses plateformes, avant de poursuivre l’entreprise pour avoir fait de même avec ses propres données?
Le tribunal a jugé en faveur de Bright Data, constatant que Meta n’avait pas fourni suffisamment de preuves que Bright Data avait rassemblé des données non publiques. Cette décision met-elle en lumière un besoin croissant de clarifier ce qui constitue une utilisation acceptable des données publiques sur internet? Notons que Bright Data a vendu un ensemble de données comportant 615 millions d’enregistrements d’Instagram pour 860 000 $. Ces données étaient-elles accessibles publiquement, ou Meta a-t-il échoué à prouver le contraire?
Meta a pris une position étonnante en annulant son procès contre Bright Data, reconnaissant implicitement des limites à sa capacité de contrôler l’usage des données publiques sur internet.
Par ailleurs, le tribunal a contesté l’argument de Meta selon lequel l’utilisation d’outils automatisés pour contourner les restrictions d’accès, comme les CAPTCHAs, équivaudrait à accéder à un site protégé par mot de passe. Cette définition élargie du scraping « connecté » est-elle aujourd’hui dépassée dans un monde numérique en constante évolution?
À un moment donné, Meta a même découvert que Bright Data faisait la publicité d’un « navigateur de scraping » qui facilitait la collecte de données connectées. Cependant, le tribunal a souligné que Meta n’avait pas prouvé que cet outil avait été utilisé pour le scraping des données de Meta. Est-ce là une indication que les entreprises de technologie doivent améliorer leurs preuves de scraping illégal avant de porter plainte?
La décision du tribunal de ne pas tenir Bright Data responsable selon les termes de service de Facebook et Instagram, faute de preuves qu’il ait utilisé ses propres comptes pour le scraping, remet-elle en question l’efficacité des politiques d’utilisation acceptables comme moyen de réglementer l’accès aux données?
Avec le retrait de sa plainte, Meta signale peut-être un tournant dans sa stratégie légale contre le scraping de données, mais aussi une reconnaissance des défis à prouver l’utilisation abusive des données dans un environnement numérique complexe.
Bright Data, de son côté, affirme que ce résultat renforce le droit d’accès aux informations publiques sur internet. Cette entreprise est-elle maintenant en position de force dans l’écosystème du web scraping, potentiellement ouvrant la porte à une plus grande latitude dans l’utilisation des données publiques?
La complexité de cette affaire et la décision finale posent une question essentielle: Meta a-t-il renoncé non seulement à un procès mais aussi à une part de sa prétention sur le contrôle des données sur internet?
Source : Techcrunch