« La discrétion est la meilleure part de la valeur… sauf quand elle est exposée sur Glassdoor » – Version tech moderne d’un adage bien connu. Les adeptes du célèbre site Glassdoor, une plateforme permettant de commenter anonymement sur les entreprises, se trouvent face à une drôle de surprise. Sans leur consentement, leur prénom, nom et parfois d’autres informations personnelles, font irruption sur leur profil.
L’histoire de Monica, une utilisatrice qui a crié au loup (ou plutôt au viol de vie privée) sur son blog personnel, illustre parfaitement le malaise. Après avoir contacté le support client de Glassdoor, elle découvre que son nom complet – qu’elle n’avait jamais donné au site – y figure soudainement, comme par magie (ou serait-ce par maladresse?). Selon Monica, ce tour de passe-passe provient de l’adresse email utilisée pour contacter Glassdoor.
Monica, loin de se laisser faire, a exprimé son mécontentement auprès du support client de Glassdoor, sans résultat. L’entreprise persiste : son nom doit figurer sur son profil, sous prétexte que cela ne compromettrait pas son anonymat pour les avis passés. Seulement, dans le petit monde des cyber-risques, un hack ou une fuite de données pourraient rapidement transformer l’anonymat en une plaisanterie de mauvais goût.
“It’s not clear to me how they got this information.”Josh Simmons, Glassdoor user
Comme le précise la victime, une fois que Glassdoor a votre véritable identité, il n’y a plus qu’une option : supprimer son compte. Une solution radicale, certes, mais qui semble être la seule issue face à cette collecte d’informations peu scrupuleuse.
Ce récit, devenu viral, a jeté un froid chez les utilisateurs de Glassdoor, connu pour favoriser l’anonymat depuis ses balbutiements. Ironiquement, en 2021, Glassdoor acquiert Fishbowl, un réseau social professionnel prônant l’anonymat. Ars Technica souligne qu’à la suite de cette acquisition, tous les utilisateurs Glassdoor se retrouvent de facto avec un compte Fishbowl, impliquant un processus de vérification d’identité potentiellement à l’origine de ces révélations non désirées.
Aaron Mackey de l’Electronic Frontier Foundation, un fervent défenseur de l’anonymat en ligne, espère que Glassdoor maintiendra son bouclier protecteur autour de l’identité de ses utilisateurs. Cependant, les récentes découvertes suggèrent un assouplissement potentiel de ces protections, ce qui pourrait mettre à mal la confiance et la transparence que prône le site.
Si l’objectif de Glassdoor reste flou, une chose est sûre : lorsqu’il s’agit de protéger l’anonymat de ses utilisateurs, le géant des avis sur les entreprises semble naviguer en eaux troubles. Cette situation rappelle étrangement les mots de Josh Simmons, un autre utilisateur affecté : « Je ne comprends pas comment ils ont obtenu ces informations. »
Face à ces interrogations sans fin, Glassdoor se contente de réponses évasives, laissant planer le doute sur la véritable utilité de cette collecte de données. Malgré tout, le site insiste sur son engagement à protéger l’anonymat de ses utilisateurs, une promesse qui semble aujourd’hui un peu plus fragile.
Et pour ceux qui, comme Monica, préfèrent prendre les devants et supprimer leur compte, Glassdoor rappelle que la désactivation n’est qu’un demi-adieu. Pour disparaitre totalement, un petit tour sur leur page spécifique s’impose. Ironie du sort, dans ce théâtre d’ombres, même l’acte de disparition demeure complexe.
Source : Techcrunch