« En technologie, reconnaître sa voie peut être tout aussi important que d’innover. » IBM semble avoir pris ce proverbe à cœur, s’éloignant sagement de la lutte acharnée pour dominer l’infrastructure cloud pure pour embrasser une stratégie plus nuancée, aidant ainsi les départements IT à naviguer dans les complexités des environnements hybrides. Un virage stratégique qui s’accompagne d’une série d’acquisitions dignes d’une razzia dans le monde de la technologie.
Le premier gros coup de cette saga a été l’acquisition de Red Hat pour la modique somme de 34 milliards de dollars en 2018. IBM a continué sur sa lancée avec l’achat d’Apptio l’année dernière, et n’a pas baissé le rythme puisque l’entreprise a annoncé l’acquisition de HashiCorp pour 6,4 milliards de dollars ce mercredi. Vous avez dit ambitieux?
« IBM se jette à l’eau avec HashiCorp et fait un grand plongeon dans le cloud hybride! »
En s’offrant HashiCorp, IBM s’empare non seulement d’une gamme d’outils de gestion et de sécurité du cycle de vie du cloud, mais aussi d’une entreprise dont la croissance fait pâlir d’envie ses autres acquisitions : 155 millions de dollars de revenus au dernier trimestre, en hausse de 15% par rapport à l’année précédente. Pour IBM, voilà donc un poulain prometteur à ajouter à son écurie déjà bien garnie d’outils pour le cloud hybride.
Ce mariage technologique semble être un coup de maître d’IBM, du moins si l’on en croit Arvind Krishna, le PDG de l’entreprise, qui n’a pas manqué de souligner, avec un peu de fla-fla marketing, l’importance d’HashiCorp dans la stratégie hybride de son entreprise – et, parce que c’est tendance, il a même saupoudré le tout avec une référence à l’IA. La belle affaire!
L’an dernier, HashiCorp avait déjà fait parler d’elle en modifiant la licence de son outil open source Terraform, provoquant une petite tempête dans sa communauté d’utilisateurs. De l’eau a coulé sous les ponts et voici que HashiCorp, fraîchement adoptée par IBM, pourrait donc changer son fusil d’épaule concernant sa politique open source. À suivre…
Curieusement, Red Hat, un autre membre de la famille IBM, avait également créé l’émoi en modifiant ses termes de licence open source. Il semble que ces deux-là étaient faits pour s’entendre! Côté innovation, IBM ne chôme pas, en témoigne l’introduction récente de « l’Infrastructure Cloud », concept censé chapeauter joliment l’offre hybride cloud de IBM sans vraiment révolutionner la gameplay.
Selon les oracles modernes, si IBM laisse à HashiCorp sa neutralité vis-à-vis des différentes offres de cloud, le mariage pourrait s’avérer heureux. Tim Crawford, un analyste au long cours, voit d’un bon œil cette neutralité préservée, gage selon lui, d’une ouverture intelligente à l’écosystème cloud multi-fournisseurs.
HashiCorp, c’est l’histoire d’une petite startup fondée en 2012 qui a gravi les échelons à coup de millions, en levant près de 350 millions de dollars avant de se jeter dans le grand bain de la bourse en 2021. Son aventure chez IBM ne fait que commencer, mais une chose est sûre : dans le cloud, IBM semble avoir trouvé sa nouvelle aire de jeux.
Source : Techcrunch