« Dans le monde numérique, même les géants doivent parfois appuyer sur pause. » TikTok a suspendu sa fonction de gamification dans l’Union européenne suite à une petite tape sur les doigts de la part du bloc. Alors que les projecteurs sont braqués sur les soucis juridiques de TikTok aux États-Unis, cette annonce a glissé sous les radars lorsqu’elle a été faite tard dans la soirée de mercredi.
Le coup de frein de TikTok est intervenu juste après que l’UE a lancé une enquête sur un mécanisme dit de « tâche et récompense » dans l’application TikTok Lite, invoquant des préoccupations liées à un design potentiellement addictif pouvant représenter un risque pour la santé mentale des jeunes. Cette fonctionnalité permet aux utilisateurs de gagner des points en regardant et en likant des vidéos sur TikTok. ByteDance, la société mère de TikTok, avait lancé cette version allégée de l’app en France et en Espagne plus tôt dans le mois.
Sous le nouveau code de gouvernance en ligne et de modération de contenu de l’UE, le Digital Services Act (DSA), TikTok avait l’obligation légale de minimiser les risques systémiques dans des domaines tels que la sécurité des enfants et la santé mentale. Cependant, l’entreprise n’a pas produit de rapport d’évaluation des risques sur cette fonctionnalité lorsque les autorités européennes l’ont exigé.
TikTok met sur pause sa fonctionnalité de récompenses dans l’UE pour rester dans les bonnes grâces des régulateurs.
C’est important car l’entreprise pourrait se voir infliger de lourdes pénalités sous le DSA — jusqu’à 6% de son chiffre d’affaires annuel mondial — si elle est reconnue coupable d’avoir enfreint les règles de l’UE.
En affirmation « volontairement suspendre » la fonctionnalité de récompenses dans la région pour apaiser les préoccupations. Cependant, lundi, la Commission avait signalé qu’elle était prête à forcer la main de TikTok, indiquant qu’elle envisageait d’utiliser les pouvoirs de mesures provisoires contenus dans le DSA pour fermer l’application le temps d’une enquête sur la fonctionnalité.
Le développement souligne comment même la menace d’une application de mesures provisoires peut forcer les géants des plateformes à revoir leur copie. Cette stratégie de relations publiques familière vise à anticiper la publicité négative associée à une fermeture forcée en agissant avant une ordonnance formelle.
Néanmoins, l’UE crie victoire : Répondant à l’annonce de TikTok par un contre-tweet, le commissaire européen au Marché intérieur, véritable shérif d’internet, Thierry Breton, a averti : « Nos enfants ne sont pas des cobayes pour les réseaux sociaux. »
Breton a ajouté qu’il « prend acte » de la suspension par TikTok de son programme de récompenses pour l’application Lite dans l’UE, ajoutant : « Les accusations contre TikTok concernant le risque d’addictivité de la plateforme persistent. » TikTok a été contacté pour confirmer le statut de l’appli TikTok Lite en France et en Espagne. Comme son nom l’indique, TikTok Lite est une alternative pour les utilisateurs disposant de téléphones plus anciens ou se connectant principalement via des réseaux 2G ou 3G.
L’UE a ouvert deux enquêtes DSA sur TikTok : la première, annoncée en février, examine un large éventail de suspicions de non-conformité incluant le design addictif, la protection de l’enfance, la transparence des publicités, et l’accès aux données pour les chercheurs. La seconde, annoncée plus tôt cette semaine, se concentre sur TikTok Lite.
Tout compte fait, la plateforme X, propriété d’Elon Musk, fut la première très grande plateforme en ligne à faire l’objet d’une enquête DSA en décembre, quelques mois seulement après la date limite de conformité de fin août. Cette enquête reste également en cours.
Source : Techcrunch
