Qui aurait pu imaginer qu’une entreprise de la stature d’Amazon serait accusée de dissimuler des communications importantes en utilisant les messages éphémères de Signal ? Selon un document judiciaire que Engadget a pu consulter, la Federal Trade Commission (FTC) accuse en effet Amazon de s’être servi de cette fonctionnalité pour camoufler des échanges dans le cadre de son procès antitrust. Mais pourquoi les hauts dirigeants d’Amazon, y compris le fondateur et ancien PDG Jeff Bezos, ainsi que l’actuel PDG Andy Jassy, auraient-ils adopté une telle pratique ?
L’ accusation de la FTC ne repose pas sur des allégations en l’air. Pour elle, Amazon n’a pas seulement activé la fonction de disparition automatique des messages de Signal, mais a persisté dans cette voie même après avoir été averti par l’agence qu’une enquête était en cours et qu’il était impératif de conserver ces communications. Dans quelle mesure cette révélation change-t-elle notre perception des pratiques commerciales d’Amazon, surtout à l’ère où la confidentialité et la transparence sont devenues des enjeux cruciaux ?
Non seulement la FTC demande à un juge fédéral de contraindre Amazon à fournir des documents liés à sa gestion des données, mais elle souligne également qu’Amazon n’a admis l’utilisation de Signal qu’en mars 2022, juste avant la publication d’un article du Wall Street Journal dévoilant cette pratique clandestine. Face à ces manoeuvres, pouvons-nous encore parler de simples erreurs de jugement ou sommes-nous en présence d’une stratégie délibérée visant à éliminer toute trace de conversations compromettantes ?
Les messages disparus laissent des traces de leur existence, remettant en question l’intégrité des pratiques commerciales d’Amazon.
En dépit de l’impossibilité de récupérer le contenu des messages effacés, Signal révèle quand un utilisateur active, désactive ou modifie le minuteur pour les suppressions. Ces « miettes de pain » indiquent que les suppressions de messages par les cadres d’Amazon étaient généralisées. Alors, que cachent réellement ces pratiques ? Que révèlent-elles sur la conduite des affaires au sein de l’une des plus grandes compagnies mondiales ?
Il semblerait que ce problème ne soit pas isolé à Amazon. L’année dernière, le département de Justice des États-Unis accusait Google de détruire régulièrement ses historiques de chat internes, une pratique qu’il était légalement obligé de préserver. Avant que Elon Musk n’achète Twitter et ne le renomme en X, l’entreprise avait également demandé à un juge de sanctionner le fondateur de Tesla pour avoir utilisé la fonction d’auto-destruction de Signal afin de retenir des messages envoyés via l’application. Dans ce contexte, pouvons-nous considérer que le recours à ces technologies est devenu une norme dans la Silicon Valley ?
Outre Bezos et Jassy, The Washington Post rapporte que le document complet nomme également le conseiller général David Zapolsky, l’ancien PDG de la consommation mondiale Jeff Wilke, et l’ancien PDG des opérations mondiales Dave Clark comme participants à cette pratique. Ces révélations jettent-elles une ombre sur l’héritage d’Amazon et sur la manière dont les géants de la tech gèrent secrètement les informations sensibles ?
Source : Engadget