Google cherche-t-il simplement à défendre son empire publicitaire ou à échapper à la justice sous des prétextes juridiques douteux? Vendredi dernier, la firme de Mountain View a déposé une motion dans un tribunal fédéral de Virginie, demandant le rejet de la plainte antitrust déposée par le Département de la Justice des États-Unis. En janvier 2023, ce dernier avait accusé Google de monopoliser les technologies de la publicité numérique en adoptant un comportement anti-concurrentiel et exclusif. Mais Google, argumente-t-il avec conviction ou désespoir, cherche maintenant à obtenir un jugement sommaire afin d’éviter un procès prévu en septembre.
Le procureur général Merrick B. Garland avait déclaré lors de l’annonce de la plainte que Google “avait usé de pratiques anticoncurrentielles, exclusives et illégales pour éliminer ou réduire considérablement toute menace pesant sur sa domination des technologies publicitaires numériques.” Cette action en justice soutient que Google contrôle les outils de publicité numérique à un point tel qu’il “perçoit en moyenne plus de 30 pour cent des dollars publicitaires qui transitent par ses produits de technologie publicitaire numérique,” d’après un communiqué de presse de l’agence de l’année dernière. Mais est-ce une preuve flagrante de monopole ou juste une conséquence de l’innovation et de la réussite?
Google parvient-il réellement à démontrer que le DOJ n’a pas prouvé son contrôle de plus de 70 % du marché ou détourne-t-il l’attention de ses pratiques contestées?
Google rétorque cependant que le DOJ n’a pas démontré que l’entreprise contrôle au moins 70 % du marché, un seuil qui, dans certains cas précédents, qualifiait une entité de monopole, et que l’agence “a inventé des marchés spécifiquement pour cette affaire,” excluant de facto ses principaux concurrents comme les plateformes de médias sociaux. L’entreprise soutient également que le cas du DOJ “dépasse les limites du droit antitrust,” selon Reuters. Mais cette défense est-elle suffisante pour effacer les accusations d’un comportement monopolistique, ou masque-t-elle les véritables enjeux de pouvoir au sein du marché numérique?
Le combat de Google contre le DOJ soulève une interrogation fondamentale sur la nature du monopole à l’ère numérique. Quand une société comme Google, avec son armada de services intégrés et sa mainmise apparente sur le marché de la publicité en ligne, est-elle considérée comme trop puissante? À quelle point la concurrence doit-elle être affaiblie pour déclencher les alarmes antitrust?
Le dénouement de cette querelle judiciaire pourrait redéfinir les limites de l’innovation et de la domination de marché. Un verdict en faveur du DOJ pourrait non seulement infliger un coup sévère à Google mais aussi envoyer un message fort à l’industrie tech dans son ensemble. Cependant, une victoire de Google pourrait valider sa position dominante et potentiellement ouvrir la porte à une concentration encore plus grande de pouvoir dans le futur.
À travers ce procès, nous sommes témoins de la lutte entre la régulation gouvernementale et la liberté d’entreprise. Les implications vont bien au-delà du cas de Google et pourraient influencer la façon dont les lois antitrust sont interprétées et appliquées à l’avenir. Peut-être est-ce le moment de repenser entièrement notre approche de la concurrence et de la domination de marché dans le numérique. Après tout, dans un monde où les données sont le nouvel or, qui devrait vraiment contrôler l’accès à l’information?
Source : Engadget