« L’argent ne fait pas le bonheur, mais il contribue à financer de sacrées aventures spaciotemporelles ! » – Un fan anonyme de Doctor Who, probablement.
Doctor Who, c’est un peu comme cette vieille chaussette trouée que l’on refuse de jeter : confortable, familière, et capable de se réinventer en serpillière en cas de besoin. Dernièrement, avec des changements aussi soudains qu’une cabine de police apparaissant dans votre salon, la série a dû naviguer dans l’espace tumultueux du divertissement moderne. Russell T. Davies, le magicien derrière son renouveau en 2005, est revenu aux commandes, épaulé cette fois-ci non pas par l’habituel BBC Home Team, mais par un équipage cosmopolite composé de Sony et Disney.
Face à ce changement de cap, bien des questions se sont posées : Est-ce que Davies peut-il sauver le vaisseau Doctor Who d’un naufrage annoncé ? Les Zoomers seront-ils aussi hypnotisés que les Millennials l’ont été ? Et surtout, la série saura-t-elle garder son essence sous la houlette de Disney, ce géant aux poches profondes mais à la tolérance créative parfois serrée ?
Doctor Who ’24 prouve que l’on peut enseigner à un vieux Dalek de nouveaux tours, sans perdre une once de sa bizarrerie originelle.
Après avoir visionné les deux premiers épisodes de cette nouvelle saison de huit épisodes, je peux le dire : Doctor Who n’a pas été dilué pour plaire à ses nouveaux gestionnaires financiers ou à un public international. Au lieu de cela, la série double la mise sur son originalité, son avant-gardisme et sa difficulté à être cataloguée. C’est un peu comme un punk à la retraite qui refuserait de vendre son âme contre une paire de pantoufles confortables et une tasse de thé.
Pour ceux qui viendraient de débarquer, je vous conseille de commencer par le spécial de Noël « The Church on Ruby Road ». C’est un peu comme offrir une seconde chance à un Whovian de longue date déçu ou un parfait crash-course pour les novices. Russell T. Davies, en bon pilote, nous promène entre présent, passé, et futur avec la dextérité d’un jongleur sous acides, tout en injectant une dose de cynisme piquant dans ce cocktail déjà bien relevé.
Davies veut mettre en avant des histoires queer, marquant la série d’une empreinte forte et fière. Ce n’est pas nouveau pour lui, mais il le fait avec une visibilité renforcée, critiquant au passage Disney+ pour ses précédentes tentatives timorées de représentation. « Regardez-moi bien faire », semble-t-il dire, avec la confiance d’un Time Lord armé d’un tournevis sonique.
Les changements ne s’arrêtent pas là. Davies embrasse l’héritage controversé de son prédécesseur Chibnall, intégrant les événements cataclysmiques de la dernière saison pour tisser une nouvelle toile de fond, encore plus étrange et whimsical. Et au milieu de ce chaos, Ncuti Gatwa, notre nouveau Doctor, et Millie Gibson, alias Ruby Sunday, brillent intensément, promettant des aventures galactiques qui, espérons-le, redoreront le blason de cette icône britannique.
En somme, Doctor Who démontre une fois de plus sa capacité inégalée à se réinventer, prouvant qu’au fond, il ne s’agit pas tant d’où vous venez, mais de comment vous naviguez dans l’espace infini des possibilités. Et si jamais vous trouviez ce début de saison un peu déroutant, rappelez-vous que dans l’univers de Doctor Who, même le générique peut se régénérer.
Ah, et juste pour être clair, ils ont vraiment arrangé le générique cette fois-ci.
Source : Engadget