Qu’est-ce qui rend Star Wars: Épisode 1 – La Menace Fantôme un objet culturel si fascinant, vingt-cinq ans après sa sortie en salles ? Malgré la déception initiale ressentie par de nombreux fans, y compris moi-même, lors de l’introduction de personnages comme Jar Jar Binks, la récente annonce de Disney concernant le retour de la trilogie préquelle sur grand écran a ravivé une certaine excitation. Mais comment ce film se compare-t-il vraiment au flot incessant de médias Star Wars que nous avons connu au cours de la dernière décennie ?
En 1999, le début même du texte déroulant annonçait un film potentiellement laborieux : « La taxation des routes commerciales vers les systèmes éloignés est contestée. » Ce choix narratif, pour le moins étonnant, était-il vraiment ce que les fans de Star Wars attendaient depuis Le Retour du Jedi en 1983 ? Plus surprenant encore, le film choisit d’imbriquer une romance entre un enfant et une adolescente, et d’introduire Jar Jar Binks dans une tentative malavisée d’attirer le jeune public au milieu de dialogues d’une affligeante banalité.
L’étrange charme de La Menace Fantôme réside peut-être dans sa perspective quasi extérieure à la pop culture.
Ce n’est qu’avec La Revanche des Sith en 2005 que les allusions à l’Acte Patriotique de George W. Bush et à la Guerre contre le Terrorisme deviennent flagrantes. « C’est ainsi que meurt la liberté, sous une pluie d’applaudissements », déclare Padmé tandis que les sénateurs accordent des pouvoirs d’urgence à Palpatine, marquant la transformation de la République Galactique en Empire. Mais au-delà des intrigues politiques, le film brille par ses visuels époustouflants et ses quelques moments d’action saisissants.
La présence de Jar Jar Binks, malgré les critiques, marque un tournant significatif dans l’utilisation de personnages entièrement générés par ordinateur. Ahmed Best, l’acteur derrière Jar Jar, défend fièrement le rôle de ce personnage dans l’évolution des techniques de capture de mouvement. « Vous ne pouvez pas avoir Gollum sans Jar Jar, » affirme-t-il, soulignant l’impact de Jar Jar sur le développement ultérieur de personnages numériques au cinéma.
Regarder La Menace Fantôme avec le recul permet d’apprécier certains aspects et d’ignorer les choix narratifs plus discutables de Lucas. L’histoire d’Anakin Skywalker, né de la Force et désigné comme l’Élu, reste fascinante, tandis que l’on peut tenter d’oublier l’introduction des Midi-chloriens. Et si on réimaginait ce récit avec un narrateur plus habile ? Qu’aurait apporté un scénariste du calibre de Tony Gilroy, de Andor, au développement de cette histoire ?
Il est curieux de penser à ce que serait La Menace Fantôme sans ses moments superflus, et si des éditeurs passionnés comme Topher Grace avaient droit de cité dès le début. La véritable histoire d’Anakin Skywalker, celle de l’amour, de la tentation par le Côté Obscur et de la trahison, mérite-t-elle d’être redécouverte sous un jour nouveau ?
Source : Engadget