« L’avenir, c’est aujourd’hui, mais en plus cool et avec des voitures qui se conduisent toutes seules. » C’est probablement ce que dirait un sage de la tech en parlant de Wayve, cette startup venue du royaume de Sa Majesté qui, avec son intelligence artificielle auto-apprenante plutôt que soumise à des règles strictes, vient de boucler un tour de table de 1,05 milliard de dollars en série C mené par SoftBank Group. Un tour de force qui place ce financement au sommet des levées de fonds IA au Royaume-Uni et dans le top 20 mondial à ce jour.
Pour ne pas faire bande à part, Nvidia et le fidèle investisseur Microsoft ont aussi misé sur le poulain. Les premiers tours de manège avaient vu des investisseurs de la stature de Yann LeCun, le maître à penser de l’IA chez Meta, rejoindre la fête.
Sortie des entrailles académiques de Cambridge en 2017, Wayve avait déjà capté l’attention et 200 millions de dollars lors d’un tour de série B en janvier 2022, sous l’égide d’Eclipse Ventures.
« La ruée vers l’IA sur roues, plus qu’une course, c’est un marathon technologique. »
Avec ce nouvel afflux de capital, la startup prévoit de passer la vitesse supérieure en développant son produit pour une conduite assistée « yeux ouverts » et une conduite entièrement automatisée « yeux fermés », sans oublier d’autres applications automobiles assistées par IA. Et pourquoi pas conquérir le monde au passage?
À ce propos, même si San Francisco est souvent vue comme l’épicentre des déploiements de conduite autonome (coucou Waymo et Cruise), nos petits génies de Wayve ont préféré démarrer leurs expérimentations dans les ruelles étroites de Cambridge, à bord d’un Renault Twizy électrique, ni plus ni moins.
Et depuis ces humbles débuts, ils ont entraîné leur modèle sur des véhicules de livraison pour le compte de géants, dont le livreur de courses britannique Ocado, qui a d’ailleurs investi $13,6 millions dans la startup.
Le modèle de Wayve, comparable à celui de Tesla mais avec la petite astuce de vouloir vendre son modèle de conduite autonome à tout vent, promet de révolutionner la collecte de données d’entraînement. Cependant, afficher des partenaires automobiles dans son catalogue reste à ce jour, un chapitre non encore écrit.
Se targuant d’un produit « Embodied AI » indifférent aux marques de voitures, Wayve voit grand et envisage de distribuer sa plateforme non seulement aux constructeurs automobiles, mais aussi aux sociétés de robotique, promettant ainsi un apprentissage issu du comportement humain dans une myriade d’environnements réels. La recherche sur des modèles multimodaux et générateurs, surnommés LINGO et GAIA, promettent une interface réactive au langage, des styles de conduite personnalisés et un co-pilotage, lit-on dans le prospectus.
L’enthousiasme du co-fondateur et PDG, Alex Kendall, est palpable lorsqu’il évoque les caméras envahissant les nouveaux modèles de voitures et comment elles vont nourrir la plateforme autonome de Wayve : « C’est une validation de notre approche technologique et cela nous donne le capital nécessaire pour transformer cette technologie en produit et apporter ce produit sur le marché. » Et ce n’est pas tout, car Wayve lorgne aussi du côté de la robotique.
La cerise sur le gâteau, c’est que même le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, y est allé de son petit commentaire, se réjouissant de voir Wayve porter haut les couleurs de l’innovation britannique dans le domaine des IA pour la conduite autonome. Avec cette levée de fonds, le Royaume s’imagine déjà en superpuissance IA.
Source : Techcrunch