Les intelligences artificielles peuvent-elles vraiment penser comme nous? Ce questionnement est au cœur d’une récente expérience menée par des ingénieurs de Gramener. Ils ont mis à l’épreuve plusieurs modèles d’IA, leur demandant de choisir un nombre aléatoire entre 0 et 100. Les résultats sont intrigants.
Pourquoi cette expérience sur les nombres aléatoires est-elle si importante? Parce que, malgré leur complexité, ces IA affichent des comportements étrangement similaires à ceux des humains lorsqu’elles tentent de générer du « hasard ». Sommes-nous en train de surestimer la capacité des IA ou de découvrir une nouvelle facette de leur fonctionnement?
C’est un phénomène connu : les humains pensent très mal la notion de hasard. Demandez à quelqu’un de prédire le résultat d’un lancer de pièce 100 fois, et comparez cette prédiction à de vrais lancers. Les vraies séquences présenteront souvent des répétitions imprévues que les humains tendent à éviter. Les IA, étonnamment, produisent des biais similaires.
Les modèles d’IA imitent les comportements humains sans véritablement comprendre le concept.
L’expérience menée par Gramener réaffirme cette idée. En demandant à différents modèles de choisir un nombre entre 0 et 100, il s’avère que des nombres comme 47 et 42 reviennent fréquemment. OpenAI’s GPT-3.5 Turbo préfère 47, un clin d’œil à la réponse à « la vie, l’univers et tout le reste » popularisée par Douglas Adams. Claude 3 Haiku se tourne vers 42, tandis que Gemini penche pour 72.
Comment expliquer ces préférences? Ces IA ne sélectionnent pas réellement un nombre « aléatoirement ». Elles se basent sur les données de leur entraînement, reproduisant les réponses qu’elles ont le plus souvent rencontrées. Elles imitent donc les humains, non par compréhension, mais par reproduction statistique.
Pourquoi alors ces IA semblent-elles imiter les biais humains? Les modèles évitent les chiffres les plus bas et les plus hauts, ignorent les doubles chiffres et, très rarement, optent pour des nombres ronds. Tout cela suggère une absence de vraie compréhension du concept de hasard, agissant simplement comme des « perroquets stochastiques ».
Ce phénomène soulève des questions cruciales sur la manière dont nous interprétons les comportements des IA et sur les illusions d’humanité qu’elles peuvent projeter. En fin de compte, à chaque interaction, il est essentiel de rappeler que ces systèmes sont façonnés pour agir comme des humains, même si ce n’était pas l’intention première. Mais alors, jusqu’où cette imitation peut-elle aller?
Source : Techcrunch
