La Chine peut-elle vraiment défier les géants mondiaux des semi-conducteurs? C’est la question que beaucoup se posent alors que Pékin vient de clore un troisième fonds d’investissement d’Etat pour booster son industrie des semi-conducteurs.
Le Fonds National d’Investissement de l’Industrie des Circuits Intégrés, surnommé ‘le Grand Fonds,’ a réussi à amasser pas moins de 344 milliards de yuans (environ 47,5 milliards de dollars). Mais pourquoi ce troisième fonds est-il si nécessaire et que révèle-t-il vraiment des ambitions chinoises?
En examinant ses actions, il est clair que la Chine veut réduire sa dépendance aux pays étrangers, notamment en matière de semi-conducteurs – une stratégie souvent désignée sous le terme de souveraineté des puces. Pourquoi cette indépendance est-elle si essentielle pour Pékin aujourd’hui? La réponse réside peut-être dans les tensions géopolitiques croissantes, notamment avec les États-Unis et leurs alliés.
La taille énorme de ce fonds montre l’urgence de la Chine à devenir auto-suffisante dans la production de semi-conducteurs avancés.
Les États-Unis et l’Europe cherchent depuis longtemps à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement pour réduire leur dépendance à la Chine, une dynamique devenue plus cruciale avec la montée des tensions commerciales. Ce nouveau fonds chinois reflète-t-il une réelle peur d’isolement technologique de Pékin?
La concentration mondiale de la production de puces en Taïwan, avec notamment le Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC) qui fabrique près de 90% des puces les plus avancées, complique la donne. Que se passera-t-il si la Chine décide de prendre le contrôle de ces infrastructures critiques?
Selon Bloomberg, ASML et TSMC auraient conçu des moyens pour désactiver leurs machines de fabrication de puces en cas d’invasion de Taïwan par la Chine. Une vérité stratégique qui pourrait dessiner de nouveaux scénarios de confrontation technologique.
Avec la production actuelle de 60% des puces legacy (utilisées dans les voitures et les appareils électroménagers), la Chine reste une force inestimable dans le domaine des semi-conducteurs conventionnels. Mais à quel prix? Les États-Unis ont récemment imposé des restrictions rigoureuses, limitant l’accès de la Chine aux technologies et compétences avancées.
Malgré tous ces défis, la taille du Big Fund III est frappante. Avec un soutien de six grandes banques étatiques, ce fonds surpasse de loin l’investissement direct de 39 milliards de dollars promis par le gouvernement américain via le CHIPS Act. Cela signifie-t-il que la Chine est prête à surmonter les obstacles et à rivaliser avec les titans des semi-conducteurs du monde entier?
Cependant, l’histoire a montré que les fonds exorbitants ne garantissent pas toujours le succès. Pékin a tiré des leçons de son passé et de certaines erreurs, notamment de la gestion controversée des anciens fonds et des affaires de corruption impliquant des hauts fonctionnaires. Quelle sera donc l’approche de la Chine cette fois-ci pour éviter les mêmes pièges?
Enfin, tandis que la Chine avance à grands pas, des innovations prometteuses voient également le jour en Occident. Diamfab, une startup française en haute technologie, travaille sur des semi-conducteurs en diamant qui pourraient révolutionner des industries clés comme celle de l’automobile. Est-ce que ces innovations pourront compenser l’avance chinoise dans certains domaines?
Pékin pourra-t-elle surmonter les défis internes et externes pour devenir un leader indiscutable des semi-conducteurs mondiaux?
Source : Techcrunch
