Comment une start-up peut-elle remédier au dérèglement climatique ? En se lançant dans les audits énergétiques des habitations, semble-t-il. Voilà ce qu’ont découvert les fondateurs de Kelvin, une start-up française qui mise sur la vision par ordinateur et l’apprentissage automatique pour faciliter ces audits.
Clémentine Lalande, Pierre Joly et Guillaume Sempé se sont intéressés aux audits d’efficacité énergétique parce qu’ils savent que les rénovations auront un impact considérable sur la réduction de la consommation d’énergie et des émissions de CO2. Mais pourquoi la plupart des entreprises de ce secteur continuent-elles d’ignorer les progrès technologiques pour améliorer leurs processus ?
« Il y a 300 millions de maisons à rénover en Europe au cours des 30 prochaines années, » déclare Lalande, PDG de Kelvin. Cependant, l’industrie de la construction est la deuxième la moins numérisée, juste après l’agriculture. En France, l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) vise 200 000 rénovations de maisons en 2024. Mais les artisans n’arrivent pas à suivre, ce qui pénalise le climat. Est-ce un signe que le secteur a désespérément besoin d’innovation ?
Kelvin réinvente l’audit énergétique avec l’intelligence artificielle et les données ouvertes pour relever le défi climatique.
Fondée en octobre 2023, Kelvin adopte une approche purement logicielle. Contrairement aux services B2C comme Enter en Allemagne, Kelvin ne cherche pas à créer un marché de prestataires de services. La start-up a constitué une petite équipe d’ingénieurs pour élaborer un modèle d’IA spécialisé dans les audits énergétiques, en utilisant des données ouvertes telles que des images satellites et un vaste ensemble de photos et d’évaluations énergétiques.
Pourquoi se contenter de méthodes traditionnelles alors que l’on peut faire bien mieux avec la technologie ? « Nous utilisons des techniques de segmentation standard pour analyser les images satellites avec des modèles d’apprentissage automatique et détecter des caractéristiques spécifiques comme la présence de panneaux solaires ou des unités de ventilation collective, » explique Lalande.
Et ce n’est pas tout. Kelvin a développé un outil d’inspection à distance qui guide l’utilisateur pour collecter des photos et des vidéos. La start-up ne veut pas recourir à des technologies coûteuses comme le lidar, préférant utiliser des photos et des vidéos standard, ce qui rend son outil accessible à grande échelle. Qui sont les clients idéaux pour une telle innovation ? Les entreprises de construction, le secteur immobilier et même les institutions financières.
Avec des évaluations précises à 5 % près des méthodes traditionnelles, Kelvin a le potentiel de devenir un outil de référence. Et pour financer son développement, l’entreprise a récemment levé 4,7 millions d’euros, avec Racine² et Bpifrance en tête. Mais la grande question reste : cette technologie marquera-t-elle un tournant pour les audits énergétiques et les projets de rénovation future ?
Source : Techcrunch