« Quand on en sait plus, on comprend mieux. » – Proverbe geek
Quoi de neuf dans le monde des bits et des qubits ? La startup parisienne C12 vient de lever la coquette somme de 18 millions d’euros, soit environ 19.4 millions de dollars. Fondée en 2020 comme une branche dérivée du Laboratoire de Physique de l’École Normale Supérieure, C12 traîne dans le monde du quantique avec une recette bien spéciale : les nanotubes de carbone.
Le concept de l’informatique quantique n’est pas neuf, mais c’est encore un chantier en perpétuel développement. De nombreux chercheurs s’y attaquent sous des angles variés, cherchant à construire un ordi quantique qui calcule sans trop d’erreurs. Mais pourquoi cette lubie pour le quantique ? Parce que nos bons vieux ordis basés sur des transistors ont atteint leurs limites, même en construisant des centres de données XXL. Et Moore, le gars qui avait proclamé que la capacité des microprocesseurs doublerait tous les deux ans, pourrait bien recevoir une belle fessée par la réalité.
Les qubits quantiques, eux, sont les super-héros de demain, capables de sauver le traitement de données complexes. Comme l’explique Pierre Desjardins, co-fondateur et CEO de C12, simuler une réaction chimique ou optimiser des trajets de transports foisonnants en variables, c’est mission impossible pour un ordinateur classique, mais c’est finger in the nose pour un ordo quantique. Tiens-toi bien, voici la merveille expliquée dans une phrase:
« Les ordinateurs quantiques pourraient bientôt résoudre des casse-têtes que nos simples géants de silice ne peuvent pas. »
Chez C12, ils misent tout sur deux atouts majeurs : un matériau atypique (le fameux nanotube de carbone) et un procédé de fabrication unique (nano-assemblage breveté, s’il vous plaît). Comme le souligne Pierre Desjardins, leur procédé consiste à déposer un nanotube sur une puce de silicium, et pas n’importe lequel : 10 000 fois plus fin qu’un cheveu humain, s’il vous plaît !
Les pontes de l’industrie comme Google, IBM ou Amazon se tournent eux vers des matériaux supraconducteurs comme l’aluminium. Bien que prometteurs au début, ces matériaux montrent leurs faiblesses dès qu’on ajoute plus de qubits. C’est là que C12 se la joue en mode « le futur, c’est nous », forte de ses carbon-tubes.
Et où bidouillent-ils ces petites merveilles ? Dans un sous-sol près du Panthéon, à deux pas des vieilles pierres, comme quoi l’innovation et l’histoire peuvent cohabiter. « On fabrique environ une puce par semaine », précise Pierre. Pas encore de terminator quantique dans nos salons, mais patience, ils valident les bases avec des puces à un ou deux qubits.
En attendant, ils ont développé un émulateur, Callisto, pour permettre aux développeurs de s’entraîner aux codes quantiques en terrain classique. C12 concentre ses efforts sur deux secteurs : la chimie et l’énergie, avec déjà un partenariat avec Air Liquide.
La levée de fonds a attiré Varsity Capital, EIC Fund et Verve Ventures, avec les investisseurs historiques comme 360 Capital, le fonds Digital Venture de Bpifrance et BNP Paribas Développement remettant au pot. Aujourd’hui, 45 cerveaux provenant de 18 pays bossent chez C12, dont 22 docteurs ès sciences. Prochaine étape ? Unir deux qubits à une distance respectable, « des dizaines de micromètres » précise Pierre. Modeste distance, mais un grand pas pour l’informatique quantique !
Pour conclure, en matière d’informatique quantique, il faut savoir penser petit pour rêver grand. Les nanotubes de C12 prouvent que, parfois, la meilleure façon de résoudre de gros problèmes, c’est de penser en nanomètres et non en kilomètres.
Source : Techcrunch