Avez-vous déjà pensé à la complexité des opérations financières des géants du e-commerce africains comme Jumia ? Cette entreprise, connue pour ses initiatives audacieuses, vient d’annoncer la vente de 20 millions d’actions américaines sur le marché. Mais pourquoi cette décision maintenant, dans un climat économique si incertain ?
Avec un prix d’action d’environ 5,70 $ au début de la semaine, il est attendu que Jumia puisse lever jusqu’à 100 millions de dollars. Cependant, le prix des actions a depuis chuté à 4,90 $, en baisse par rapport aux 11 $ atteints lundi passé après une progression de 200 % en trois mois. Est-ce la peur de la dilution ou des mouvements de capitaux globaux qui ont refroidi les investisseurs ?
Ce n’est pas une première pour Jumia d’opter pour ce type d’opérations. Entre 2020 et 2021, la société a levé près de 600 millions de dollars via la vente d’actions secondaires. Le nouveau PDG, Francis Dufay, qui supervise pour la première fois cette manœuvre, a expliqué que cette levée de fonds vise à accélérer les affaires après des progrès significatifs en gestion des coûts et en efficacité.
“Après un dur travail sur les coûts et l’efficacité, nous pensons que le moment est venu d’investir davantage pour croître plus vite,” a déclaré Dufay.
Mais comment Jumia compte-t-elle utiliser ces fonds ? Selon Dufay, l’objectif est de renforcer le réseau logistique, surtout pour atteindre les petites villes, et d’investir dans la technologie. Les liquidités de Jumia s’élèvent actuellement à 92,8 millions de dollars, mais ce chiffre a baissé en comparaison des 120,6 millions de dollars enregistrés à la fin de 2023.
Les nouveaux fonds visent aussi à divers objectifs, dont l’acquisition de nouveaux clients, l’augmentation de l’assortiment de produits, la fidélisation des fournisseurs et l’ajout de nouveaux vendeurs sur leur plateforme. Avec environ deux millions de clients actifs par trimestre, Jumia voit un énorme potentiel de croissance puisque les marchés dans lesquels elles opèrent regroupent plus de 600 millions de personnes. Mais qu’est-ce qui a fait diminuer la performance financière de cette entreprise malgré l’augmentation des commandes ?
Curieusement, malgré une augmentation de 7 % des commandes, Jumia a vu son volume brut de marchandises (GMV) et ses revenus chuter respectivement de 5 % et 17 % d’une année à l’autre. Cependant, en monnaie constante, le GMV a augmenté de 35 % et les revenus de 15 %, prouvant ainsi que la dévaluation des devises, en particulier en Égypte et au Nigeria, a lourdement pesé sur les résultats financiers. Est-ce un signe de stabilisation ou une nouvelle fluctuation à prévoir ?
Enfin, en termes de rentabilité, la perte d’EBITDA ajusté de Jumia a diminué de 10 % pour se fixer à 16,3 millions de dollars. Dufay indique que l’entreprise mesure également sa performance par la perte avant impôt sur le revenu des opérations continues, un indicateur qui inclut les coûts financiers, tel que l’impact des fluctuations des devises. Cette perte est de 22,5 millions de dollars, en baisse de 27 % par rapport à l’année précédente. Quelle sera la prochaine étape pour Jumia dans ce contexte volatile et quelles stratégies adopteront-ils pour surmonter ces défis ?
Source : Techcrunch
