Comment les géants de la technologie et les opérateurs télécoms peuvent-ils coexister harmonieusement?
Récemment, Meta et Deutsche Telekom ont mis fin à leur relation de peering direct. Pourquoi cette rupture intervient-elle maintenant? Après des mois de négociations, Meta s’est déclarée « surprise et déçue » de ne pas avoir trouvé d’accord avec Deutsche Telekom. Cependant, la réponse de l’opérateur allemand ne s’est pas fait attendre, accusant Meta d’abuser de son pouvoir de négociation pour éviter des paiements équitables. Une situation qui soulève des questions cruciales quant aux relations entre fournisseurs de contenu et opérateurs télécoms.
Peering direct: qu’est-ce que c’est exactement? Ce terme technique fait référence à l’échange direct de données entre deux fournisseurs de services Internet, visant à améliorer la performance. Pourquoi Meta se tourne-t-elle donc vers un fournisseur de transit tiers pour garantir la continuité de ses services? Est-ce que cela signale une nouvelle stratégie pour éviter les conflits avec d’autres opérateurs télécoms?
Les deux entreprises mettent fin à des années de querelles publiques sur les paiements et l’utilisation de la bande passante.
Ce n’est pas la première fois que les opérateurs et les plateformes de contenu se heurtent sur la question des coûts de transport de données. Est-ce justifié pour les opérateurs de demander une compensation, ou les plateformes sont-elles dans leur droit en affirmant que leurs services offrent une valeur ajoutée pour les utilisateurs et donc pour les opérateurs eux-mêmes? Ce débat s’inscrit dans un cadre plus large de la neutralité du net, un principe fondamental qui continue de faire couler beaucoup d’encre.
Pour comprendre cette situation, faisons un retour en arrière. En 2010, Deutsche Telekom et Meta (alors Facebook) avaient signé un accord spécifique pour l’utilisation exclusive de certains points d’interconnexion. Pourquoi cet accord, initialement bénéfique pour les deux parties, a-t-il dégénéré? La pandémie a sans doute joué un rôle, mais des désaccords sur les tarifs ont également exacerbé la situation. Finalement, Meta a décidé de mettre fin à l’accord, estimant que le concept de « peering sans règlement » devait s’appliquer.
Cependant, Deutsche Telekom a poursuivi Meta en justice, arguant que l’utilisation des ports de peering nécessitait un accord mutuel et un échange de trafic équivalent. Pourquoi Meta, malgré ses revenus croissants, refuse-t-elle de payer ce que Deutsche Telekom considère comme équitable? En décembre 2022, un tribunal allemand a finalement ordonné à Meta de payer 20 millions d’euros de frais. Meta est-elle vraiment en tort, ou est-ce un cas de tactique agressive de la part de Deutsche Telekom?
Du côté des consommateurs, la situation est tout aussi préoccupante. Le Center for Internet and Society de la Stanford Law School décrit Deutsche Telekom comme un « bully » et qualifie le processus actuel de « shakedown » contre Meta. Faut-il s’attendre à un impact sur les utilisateurs de Facebook, Instagram et WhatsApp en Allemagne?
Les régulateurs interviendront-ils pour démêler ce conflit et protéger les consommateurs? Ce qui est sûr, c’est que cette affaire pourrait avoir des répercussions importantes dans d’autres pays et pour d’autres géants de la technologie. À suivre de près, donc: que réserve l’avenir des services de Meta en Allemagne et dans le reste du monde?
Source : Techcrunch