Pourquoi le Japon, pays souvent à l’avant-garde des technologies, reste-t-il attaché aux transactions en espèces ? Malgré ses avancées technologiques indéniables, la population vieillissante du Japon semble hésiter à renoncer au cash. Un rapport récent révèle que, bien qu’en 2023, près de 39,3 % des transactions au Japon soient déjà cashless, une large part de la population s’accroche encore aux billets et aux pièces. Le gouvernement espère toutefois atteindre la barre des 40 % de transactions sans espèces d’ici 2025.
Face à cette lente adoption, qu’est-ce qui pousse le Japon à essayer d’accélérer le passage aux paiements digitaux ? Derrière ce mouvement se dresse SmartBank, une startup audacieuse fondée en 2019 par Shota Horii et ses associés. Leur mission ? Faciliter la transition des utilisateurs vers un monde sans cash. Mais, avec plus d’un million de téléchargements de son application, combien d’utilisateurs actifs ont réellement franchi le pas ? La réponse n’est pas encore claire.
Le produit phare de cette entreprise innovante est une carte prépayée assortie d’une app de gestion financière. Entre la B/43 My Card pour les individus, la B/43 Pair Card pour les couples et la B/43 Junior Card destinée aux adolescents, SmartBank cherche à toucher un public large en proposant des solutions accessibles. Mais le cœur de sa clientèle semble surtout séduit par la Pair Card, une offre critique dans un pays où les comptes bancaires conjoints sont rares.
SmartBank vise à devenir le leader de la fintech IA au Japon, transformant la gestion financière avec des outils numériques.
Pour soutenir sa croissance, SmartBank a récemment levé 4 milliards de yens, avec des fonds provenant d’acteurs de renom tels que Global Brain et SMBC. Cette injection massive de capital permet à la start-up de doubler ses effectifs, visant notamment à renforcer son équipe d’ingénieurs. Mais ne vaudrait-il pas mieux se demander si le Japon est réellement prêt pour une adoption massive des solutions financières numériques ?
La société a introduit l’intelligence artificielle dans son offre en lançant la lecture de reçus, ce qui transforme son application en un véritable conseiller financier. Cependant, à quel point les utilisateurs sont-ils prêts à faire confiance à une IA pour gérer leurs finances personnelles ? Le défi est de taille, et SmartBank souhaite s’imposer comme leader sur ce créneau encore peu exploré au Japon.
Avec des fonctionnalités comme le lien vers les comptes bancaires existants, la startup offre une vue d’ensemble des finances des utilisateurs sans nécessiter de nouvelle carte. Cela rend son service accessible à un plus grand nombre, tout en diversifiant ses sources de revenus. Toutefois, SmartBank doit encore convaincre une population ancrée dans ses habitudes traditionnelles de confier son argent à des solutions digitales.
En dépit de sa jeunesse, SmartBank fait figure de pionnière grâce à des licences qui lui permettent de gérer les dépôts des utilisateurs et d’opérer des transferts d’argent. Pourtant, elle se heurte à la rivalité de concurrents comme MoneyForward et Zaim, bien que ceux-ci soient limités par leur incapacité à garder des dépôts d’utilisateurs. Alors, dans cette course vers l’innovation technologique, SmartBank trouvera-t-elle le moyen de séduire et de sécuriser une majorité de Japonais encore attachés au cash ?
Source : Techcrunch