« Dans le monde des affaires, les seules roues qui tournent spontanément sont celles de la rumeur! » Dans le petit univers des camions autonomes, une tempête se déchaîne. Notre feuilleton se déroule chez TuSimple, une société qui, jadis, rêvait de révolutionner le transport poids lourd. Son ex-chef, Xiaodi Hou, joue maintenant un tout autre rôle : celui de héros judiciaire, appelant à sauver les derniers actifs américains de l’entreprise d’une traversée de l’océan vers la Chine.
En décembre, monsieur Hou tentera un acte de bravoure juridique. Il implore la cour californienne de stopper le transfert de dizaines de millions de dollars vers la Chine. En septembre dernier, la tirelire de TuSimple comptait encore quelque 450 millions de dollars. Si Hou s’inquiète à ce point, c’est que ses soupçons vont au-delà des cartes postales animées adressées à l’empire du Milieu.
La guérilla juridique entre Hou et TuSimple a pris une drôle de tournure. Accusant l’entreprise de vouloir financer des jeux vidéo made in China avec des fonds investis pour une toute autre sorte de voyage, Hou souligne une parenté gênante avec Mo Chen, cofondateur de TuSimple, qui semble voir double en animant à la fois conseils d’administration et manettes de gaming. Quant à la bourse, elle joue au chat et à la souris, avec des règlements scrupuleusement oubliés.
Hou, notre justicier du bitume, sait où frapper et espère ne pas jeter ses actions en pâture au vide intersidéral.
Autrefois valorisée à 8,5 milliards de dollars après une IPO en fanfare, TuSimple a pris la pente douce du déclin. Ayant fermé boutique aux États-Unis et ajusté ses effectifs au niveau minimaliste d’un dessin animé 2D, l’entreprise a choisi la stratégie du jeu sérieux. Tout cela au grand désespoir des actionnaires qui, alertés par des lettres, ont vu leur déception officialisée par une annonce retentissante du conseil d’administration.
Le hic, c’est que TuSimple semble pressée de boucler ses valises, inquiétant Hou qui prie la cour d’intervenir. La mutation aurait déjà commencé, avec 150 millions augmentés en un jour, un exploit que même les meilleurs joueurs ne peuvent revendiquer ! Dans cette saga à rebondissements, les actionnaires se trouvent dans le dernier périple pour sauver ce qui reste, avant que le rideau ne tombe définitivement.
La frontière entre ce qui se passe en coulisses et le respect des règles du jeu financier est vraiment floue. Delistée, mais toujours sous l’œil vigilant de la SEC, TuSimple joue une danse dangereuse où le risque est que cet argent fasse ses adieux sans retour. On n’ose imaginer les scénarios alternatifs que cette affaire pourrait inspirer aux créateurs de jeux vidéo.
Alors, quelles leçons tirer de ce pavé glissant? Peut-être qu’à trop vouloir gravir les montagnes du numérique, on finit par dévaler la pente. À moins qu’une cour de justice ne vienne redistribuer les cartes. Une chose est sûre, dans ce jeu de piste, il faudra bien des heures de monde ouvert pour en voir le bout !
Source : Techcrunch