Les modèles d’IA open source en Chine sont-ils en train de remodeler le paysage technologique mondial ? Ces dernières semaines, ces modèles ont fait parler d’eux pour leurs performances impressionnantes dans divers domaines de l’IA, comme la programmation et le raisonnement. Mais à quel prix ?
En dépit de ces succès, des critiques s’élèvent, notamment parmi les employés d’OpenAI, concernant la censure de certains sujets sensibles au gouvernement chinois, tels que le massacre de la place Tiananmen. Pourquoi ces pratiques de censure persisteraient-elles alors même que ces modèles visent à promouvoir une intelligence collective ?
Clement Delangue, le PDG de Hugging Face, partage ces préoccupations. Dans un récent podcast en français, il a exprimé ses inquiétudes sur les conséquences inattendues pour les entreprises occidentales qui s’appuient sur des technologies IA performantes mais potentiellement limitées par de telles censures. Est-il prudent pour ces entreprises de négliger l’impact culturel implicite de ces technologies ?
L’ascension rapide des IA chinoises risque-t-elle d’influencer des aspects culturels que l’Occident préfère éviter ?
Delangue a mis en garde : si un pays, en l’occurrence la Chine, devient le leader incontesté de l’IA, il pourrait façonner des aspects culturels que l’Occident souhaiterait ignorer. Cette préoccupation est renforcée par la vitesse à laquelle la Chine rattrape son retard sur l’Occident grâce à l’open source. La diversité technologique est-elle menacée si une concentration excessive se produit ?
Hugging Face, la plus grande plateforme mondiale pour les modèles d’IA, observe de près les mouvements chinois dans ce domaine. Récemment, elle a intégré le modèle Qwen2.5-72B-Instruct d’Alibaba, qui a fait sensation par sa capacité à traiter des questions habituellement censurées. Cela signifie-t-il que la censure pourrait diminuer dans les futurs modèles chinois, ou est-ce une exception ?
Pourtant, des modèles comme le QwQ-32B, également d’Alibaba, montrent une prudence excessive et évitent certains sujets sensibles. Cette dichotomie illustre-t-elle un possible double jeu de la part des entreprises chinoises pour naviguer entre innovation mondiale et contraintes nationales ?
Alors que des modèles comme DeepSeek attirent l’attention pour leurs capacités de raisonnement, ils n’échappent pas aux exigences du gouvernement chinois de refléter des valeurs socialistes fondamentales et respectent le système de censure. Est-ce que la Chine devra éventuellement adapter sa politique pour éviter de perdre sa position émergente dans la course à l’IA ?
À l’horizon 2025, Delangue a prévu que la Chine pourrait prendre la tête de la course mondiale à l’IA. Mais si cela se produit, quelles implications cela aura-t-il pour l’équilibre global des pouvoirs technologiques ?
Source : Techcrunch